Eglises d'Asie

INTERVIEW D’UN NOUVEL EVEQUE

Publié le 18/03/2010




Qu’attendez-vous de cette assemblée plénière de la Fédération ?

Il ne nous sera pas possible d’en adopter toutes les résolutions. Encore qu’il y ait entre nous des convergences, notre cas est très particulier et je ne pense pas que nous serons en mesure de tout mettre en application.

Quels sont les défis auxquels est affrontée l’Eglise de Birmanie ?

Je dirais facilement que le défi le plus évident est celui qui concerne nos relations avec les autres religions. Celles-ci, dans notre pays, comprennent le bouddhisme, l’islam, et le protestantisme. Les bouddhistes sont majoritaires, et les musulmans viennent en deuxième position.

Nous entretenons des rapports avec ces autres religions, surtout par manière de dialogue. Les catholiques chez nous ne sont pas en général d’ethnie birmane. La grande difficulté rencontrée consiste à mélanger tout ce monde. En fait, nous ne visons pas tellement les bouddhistes, mais nous travaillons surtout avec les tribus telles que celles des Karens, des Kachins, des Chins, des Shans et des Kayahs. Il existe de vastes étendues tribales le long des frontières qui nous séparent de la Thaïlande, du Laos, de la Chine, de l’Inde et du Bangladesh.

En dehors du dialogue interreligieux, voyez-vous quelque autre défi ?

Tout spécialement dans ma région, où l’Etat chin confine à l’Inde et au Bangladesh, la difficulté se situe dans nos rapports avec les protestants. Les Chins sont chrétiens, surtout protestants. Et ils se répartissent en un tel nombre de « dénominations » que nous n’y voyons vraiment plus clair, et cela pose problème: il y en a pas mal qui se convertissent au catholicisme, mais ils sont déjà éduqués religieusement et ne sont pas préparés à accepter nos pratiques. Aussi devons-nous les instruire en leur dispensant une catéchèse de base. Voilà notre défi.

Avez-vous des contacts réguliers avec les protestants ?

Oui, nous avons effectivement avec eux, à Rangoon, une commission mixte. Elle organise des rencontres oecuméniques, y compris des assemblées de prière à certaines occasions.

Mais à côté des contacts interreligieux, collaborez-vous avec eux en d’autres domaines, par exemple pour des projets socio-économiques ?

Nous ne pouvons pas dire qu’il en aille ainsi, mais nous sommes souvent invités comme observateurs. Et encore, pas dans toutes les régions, car un certain antagonisme persiste toujours en certains endroits.

Est-ce en raison de l’attitude des protestants vis-à-vis des catholiques qu’une coopération est rendue malaisée ?

Ce ne serait pas correct d’affirmer cela, puisque des protestants jouent le jeu face à l’Eglise catholique pour travailler avec elle en plusieurs régions. Mais en d’autres, encore maintenant, les contacts restent rares.

Combien le pays compte-t-il d’évêques, de prêtres, de religieux et de catholiques ?

Nous avons actuellement 14 évêques et un préfet apostolique, 10 diocèses – à savoir 7 diocèses, 2 archidiocèses et une préfecture – avec quelque 400 prêtres. Il y a 12 congrégations religieuses féminines et 2 masculines; parmi elles, une est foncièrement de chez nous. Les catholiques sont environ 500 000.

Qu’en est-il des vocations religieuses ?

Elles sont abondantes. Pour le moment nous avons plus de 200 grands séminaristes en philosophie et théologie.

Combien d’entre eux sont ordonnés chaque année ?

Pour la dernière décennie, une moyenne annuelle de 18 nouveaux prêtres.

Appartiennent-ils à des congrégations religieuses, ou la plupart d’entre eux sont-ils diocésains?

La plupart sont diocésains. Nous n’avons qu’une seule sorte de religieux prêtres, les salésiens.

A quels travaux s’adonnent surtout les religieux ?

Auparavant, ils dirigeaient des écoles, des hôpitaux et des dispensaires. Mais depuis la nationalisation des établissements scolaires ils ont pris du travail en paroisse, enseignant le catéchisme et visitant chez elles les familles catholiques.

Et quel rôle est attribué aux laïcs ?

Cela dépend de leur formation. En fait, ils sont très actifs et très utiles. Il y a pour le laïcat une commission au sein de la Conférence épiscopale, et elle se réunit régulièrement.

Combien de catholiques font partie du gouvernement ?

Pour le moment, il n’y en a qu’un: le ministre du Commerce. Dans le précédent gouvernement socialiste, il y en avait plusieurs à des postes clés. Nous avons aussi quelques fonctionnaires dans les cabinets ministériels, mais je ne les connais pas.

Quant aux catéchistes ?

Le catholicisme est en expansion, et cela est dû en tout premier lieu aux catéchistes. Ils sont très durs à la tâche. Mon diocèse en compte 200.

Comment se présente le travail pastoral ? Avez-vous des difficultés dans vos visites aux catholiques ?

Non, aucune. Nous pouvons aller partout, et rencontrer n’importe qui. Nous jouissons d’un bon nombre de libertés. Bien que, dans certains diocèses, les bouddhistes ne nous autorisent pas à acheter des maisons, et qu’il existe différentes sortes d’empêchements pour quiconque souhaite acquérir un bout de terrain pour y bâtir une église, on peut affirmer que très généralement nous sommes libres.