Eglises d'Asie

Une situation désastreuse

Publié le 18/03/2010




Horreur et confusion caractérisent la situation dans la région de Jaffna, au nord du pays (12). Poussées par la peur et la misère, les populations se lancent sur les routes, espérant trouver autre part un abri moins précaire : on estime actuellement à 1 million les personnes qui ont quitté leurs lieux habituels de résidence. Partout il y a absence d’électricité, pénurie de carburant, manque de soins médicaux, tandis que l’approvisionnement, en nourriture surtout, est quasi inexistant. Le Bureau des secours d’urgence du Conseil oecuménique des Eglises à Genève a reçu de cette région un déchirant appel à l’aide, dont il ne sait comment elle pourrait être acheminée là où les besoins sont les plus grands.

Ce cri d’alarme concerne également l’est du pays, où les assassinats se multiplient. La vie active stagne, la famine s’installe, et l’on cite des cas de familles qui se sont empoisonnées, ou de parents essayant de vendre leurs enfants.

Le reste de l’île jouit de conditions un peu meilleures, mais les effets de ce qui se passe au nord et à l’est se répercutent partout : enlèvement de jeunes Tamouls que l’on enrôle de force chez les rebelles, ou qui disparaissent dans les geôles gouvernementales ; méfiance des Cingalais, majoritaires en ces régions, à l’égard de leurs concitoyens tamouls dont ils croient qu’ils sont tous liés aux “Tigres”… De plus, les terroristes cingalais du Front de libération du peuple n’ont pas cessé leurs activités (13).

Basé à Colombo, le Centre de développement socio-économique, une création de la Conférence épiscopale, déploie de grands efforts pour venir en aide à tous ceux qui souffrent, quelles que soient leur religion, leur ethnie ou leurs convictions politiques. Ainsi, elle a pu fournir à tous les enfants du district d’Amparai, au sud-est, livres et uniformes pour la rentrée scolaire en juillet dernier. Elle a envoyé également une équipe de médecins et d’infirmières catholiques visiter les camps du district d’Anuradhapura, au centre-nord. Au moment où faisaient rage les combats au nord et les massacres à l’est, elle a dirigé vers des endroits stratégiques les premiers secours aux blessés et aux réfugiés.

C’est néanmoins dans la capitale même que le Centre multiplie ses interventions. Le camp de Wellawatte, qui abrite des réfugiés de Mannar, au nord, et de Batticaloa, à l’est, est pris en charge par les deux paroisses voisines, dont beaucoup de bénévoles cingalais portent régulièrement secours matériel et réconfort moral à des gens d’origine tamoule ou de religion musulmane. Douze religieuses du Bon Pasteur travaillent sans désemparer à l’hôpital militaire, soignant les soldats blessés et s’appliquant surtout à la rééducation des quelque 500 d’entre eux gravement handicapés par la perte d’un membre.