Mais à partir de 1980, quand l’état-major birman commença ses grandes offensives pour anéantir la rébellion karen, la population s’enfuit en masse des villages incendiés et se réfugia en Thaïlande. La plus grande partie, soit 27 000 personnes, se trouve aujourd’hui parquée dans 7 camps, dont 2 tout récemment ouverts, qui comptent chacun entre 2 000 et 7 000 “personnes déplacées”, selon leur appellation officielle . On compte environ 200 catholiques parmi les 16 000 réfugiés des 5 camps anciens. Ils sont pris en charge par le clergé local et, en avril 1990, tous les enfants catholiques des camps ont été réunis pendant 8 jours pour une catéchèse intensive dans une paroisse thaïlandaise. En fin de semaine, ils ont reçu communion et confirmation des mains de Mgr Joseph Banchong Ribarg, évêque thaïlandais de Nakhon Sawan. Comme l’ethnie karen se trouve à cheval sur la frontière, sa langue est parlée des deux côtés, ce qui facilite grandement les relations.
Des membres du clergé de Nakhon Sawan continuent par ailleurs à s’occuper des catholiques qui sont restés sur le sol birman, principalement dans trois agglomérations. Depuis octobre 1989, un catéchiste est affecté à la pastorale de ces villages. Il vit dans un des camps de Thaïlande, et passe régulièrement la frontière pour rendre visite aux familles et enseigner la doctrine aux enfants du Kawthule.
Du point de vue de l’Eglise catholique de Birmanie, qui veut éviter à tout prix des conflits avec les autorités centrales – d’autant que la moitié des prêtres du diocèse de Rangoon, avec l’archevêque et son auxiliaire, sont karen – l’envoi de personnel dans les provinces insoumises équivaudrait à encourager l’insurrection. L’Eglise baptiste – ses fidèles sont nombreux au Kawthule – n’éprouve pas de tels scrupules “politiques” : sans hésiter, elle s’occupe de ses communautés partout où elles se trouvent.