Eglises d'Asie

Les polarisations raciales et religieuses ont envenimé la campagne électorale

Publié le 18/03/2010




Malgré quelques progrès du “Pouvoir populaire”, coalition d’opposition, c’est le Front national de M. Mahathir Mohamad qui a remporté les élections générales des 20 et 21 octobre (7). Il a en effet obtenu deux tiers des sièges au parlement fédéral. La situation est donc maintenant celle précisément que l’opposition voulait éviter à tout prix: elle donne en effet à M. Mahathir la possibilité d’amender la Constitution.

Le Front national a sans doute bénéficié des controverses ethniques et religieuses qui, plus ouvertement que par le passé, ont marqué le déroulement de la campagne. Le 15 octobre, le Parti Bersatu Sabah (PBS) de M. Joseph Pairin Kitingan s’était rallié à la coalition d’opposition. Cette initiative qui aurait pu fournir à M. Razaleigh, chef de l’opposition et musulman, une base électorale plus large, s’est en fait retournée contre lui. Il a été accusé par le Front national d’être “un adorateur de la Croix”, pour avoir accepté de s’allier avec M. Kitingan. Quant au PBS dont la plupart des dirigeants sont chrétiens et qui est au pouvoir dans l’Etat de Sabah, il a été accusé par M. Mahathir de vouloir “propager le christianisme”. Il est probable que la victoire du Front s’explique en partie par le fait que ces accusations ont porté, malgré tous les démentis des intéressés, et incité la majorité malaise et musulmane du pays à se regrouper derrière M. Mahathir, dans un réflexe de défense contre ce qui a été perçu comme menaçant l’hégémonie politique de la communauté malaise musulmane.

Le 19 octobre, Le Conseil consultatif interreligieux qui regroupe les religions minoritaires avait publié un communiqué dénonçant l’utilisation de la religion dans le cadre des élections. Le 20 octobre, la Fédération chrétienne de Malaisie avait elle aussi condamné “l’introduction délibérée de thèmes religieux et ethniques dans la campagne électorale”.