Eglises d'Asie – Chine
Mgr Ding Guangxun: non à une révision éventuelle de la politique religieuse
Publié le 18/03/2010
S’adressant, le 6 septembre 1990, au Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, Mgr Ding a noté avec inquiétude la résurgence, dans l’administration, d’attitudes hostiles à l’encontre des groupes religieux.
« Pourquoi ne fait-on pas confiance aux forces patriotiques religieuses, pourquoi sont-elles si sévèrement contrôlées, pourquoi ne les laisse-t-on pas se développer, chacune selon ses caractéristiques propres ? » demande Mgr Ding. Il ajoute: « Si l’on fait en sorte que les organisations religieuses patriotiques n’existent que sur le papier, ou si certains essayent de les utiliser contre une grande partie des croyants, le résultat en sera une tension accrue entre le Parti et les masses ».
Pour Mgr Ding, les activités illégales de certains groupes religieux subversifs ne sont pas une raison suffisante pour imposer une « supervision renforcée » des organisations religieuses « patriotiques et non coupables d’activités illégales
Il s’en prend ensuite à un certain nombre de responsables, à l’intérieur et à l’extérieur des cercles religieux, qui se considèrent comme les « administrateurs de la religion », et qui ont décidé d’interdire un grand nombre de réunions chrétiennes « domestiques » dont beaucoup étaient parfaitement légales. Mgr Ding estime que leur action ne peut qu’encourager « le fanatisme religieux » et forcer les activités religieuses » à se réfugier dans la clandestinité ».
Le gouvernement doit, selon Mgr Ding, « maintenir la séparation de la politique et de la religion, et ne pas intervenir dans les affaires religieuses
Finalement, l’évêque s’est élevé contre l’analyse courante dans les milieux religieux, selon laquelle la religion aurait joué un grand rôle dans les bouleversements d’Europe de l’Est. Mgr Ding estime que cette analyse erronée est la raison pour laquelle le gouvernement pense devoir réviser sa politique pour « renforcer sa supervision et son administration des affaires religieuses
Un observateur, généralement bien informé, interrogé par « Eglises d’Asie », le 19 novembre, a déclaré: « Il est important que Mgr Ding Guangxun ait estimé pouvoir faire cette déclaration. C’est courageux de sa part, mais il doit aussi se sentir soutenu par un grand nombre de membres du Comité permanent auquel il s’adresse. Son intervention confirme, en tout cas, une régression dans la politique de liberté religieuse, qui affecte même les organisations « patriotiques ». Cette régression ne fait que refléter le retour général à une discipline idéologique stalinienne et maoïste, préconisé par la faction conservatrice du Parti ».