Eglises d'Asie

“Non à la haine”

Publié le 18/03/2010




“Guérissons la haine qui s’est introduite dans nos communautés”.

Mgr Swamipillai, évêque de Trincomalee-Batticaloa, exhorte ainsi ses diocésains dans sa lettre pastorale pour le temps de l’Avent. Il ajoute: “Il n’y a pas de place dans l’Eglise pour le racisme, la haine, les luttes fratricides, qu’il s’agisse de langue, de race ou de religion. Il ne faut pas recourir à la violence ni aux menaces pour atteindre le but, quelle qu’en soit la noblesse. Nul n’a le droit de tuer. Toutes ces formes du mal, d’où qu’elles viennent, méritent une condamnation sans équivoque”.

En raison de la guerre qui sévit chez eux depuis des années, les habitants du nord et de l’est du Sri Lanka ne sont pas étrangers à la souffrance. Mais, depuis quelques mois, celle-ci dépasse tout ce qu’ils avaient connu jusqu’à présent: morts violentes, destructions, famine, arrêt des activités scolaires, absence de soins médicaux. Des centaines de milliers de personnes, de toutes races et religions, croupissent dans des camps depuis plusieurs mois, sans qu’on puisse entrevoir le moindre signe de paix. Nul ne peut prévoir quand ils pourront enfin rentrer chez eux.

Mgr Swamipillai invite les catholiques de son diocèse à devenir des “instruments de paix”. “Quand verrons-nous la fin de nos malheurs?” demande-t-il. “Quand la paix reviendra-t-elle? Quand nos enfants pourront-ils se déplacer librement et sans peur? Qui nous aidera à rebâtir nos foyers?”

La même lettre pastorale rappelle comment deux prêtres et un catéchiste ont été tués au cours de ces derniers mois.

De son côté, le président Premadasa fait les comptes. Depuis 1988, la subversion communiste au sud et la rébellion tamoule au nord et à l’est, ont coûté à l’Etat 12 milliards de francs. Ce n’est pas tout. 3 000 politiciens, 6 000 citoyens ordinaires, 485 fonctionnaires, 250 membres des forces armées et de la police, 64 élus locaux, 30 religieux bouddhistes, deux prêtres catholiques et 27 syndicalistes ont été assassinés dans le même temps. Il y a aussi des docteurs, des professeurs d’université, des enseignants, des avocats, des journalistes. D’après un rapport soumis au Parlement européen le 6 novembre 1990, 60 000 personnes ont disparu depuis 1987.

A Jaffna seulement, plus de 2 000 bâtiments, dont l’évêché, la cathédrale, 15 églises, plusieurs couvents, des hôpitaux, des banques, des écoles, ont été soit détruits, soit gravement endommagés.

Mgr Swamipillai concluait sa lettre pastorale en faisant remarquer à ses diocésains qu’il ne suffit pas d’organiser les services sociaux de l’Eglise: chaque catholique doit se faire bon samaritain. “C’est la mesure avec laquelle, au dernier jour, sera jugée notre fidélité de disciples du Seigneur”.