Eglises d'Asie

Frères ennemis bouddhistes

Publié le 18/03/2010




Onze moines bouddhistes cambodgiens, dont six résidant en Thaïlande dans les camps frontaliers de la Résistance, ont participé du 16 au 23 février 1991 au séminaire et à la conférence du Réseau international des bouddhistes militants, à Nakhorn Nayok et Nakhorn Pathom, au nord-ouest de Bangkok. C’est la première fois qu’ils prenaient part à une assemblée, la troisième en 3 ans, de ce Réseau, qui cherche à établir des relations entre organismes bouddhistes de pays différents, chacun faisant part de ce qu’il attend des autres et de ce qu’il peut lui-même leur apporter. Etaient présents cette fois 40 représentants de 19 pays.

Les délégués cambodgiens, tant ceux de l’intérieur que ceux de l’extérieur, se sont montrés fort réservés au cours des échanges, et quelque peu sceptiques à l’égard des résultats à en attendre. On organisa pour eux une séance consacrée aux problèmes de leur propre pays, et l’un des bonzes venu de Phnom Penh demanda à ses confrères des camps: “Pourquoi ne reviendriez-vous pas au pays avec les hommes du prince Sihanouk et de Son Sann? Nous vous accueillerions avec joie. Ce que nous ne voulons pas, c’est le retour de Pol Pot et des Khmers Rouges”. Vint la réponse de l’un des exilés: “Il faut attendre le moment où nous pourrons revenir tous ensemble: si nous les excluons, nous n’aurons pas la paix, ils continueront la lutte”.

A un autre moment, un moine de Phnom Penh fit remarquer que, dans certains pays, “on se bat entre gens qui sont de cultures, de langues et de religions différentes. Nous, nous avons même culture et même langue, et nous sommes tous bouddhistes, et malgré cela nous nous faisons la guerre!”