Eglises d'Asie

Religions en hausse au détriment du Parti

Publié le 18/03/2010




Dans un discours récent, repris par le “Quotidien du paysan” au début de mars 1991, l’un des dirigeants les plus importants du Parti, M. Wang Zhen, affirme que les districts ruraux du pays sont en train de tomber sous le contrôle des forces de la religion occidentale, des clans traditionnels, et du capitalisme.

Le discours, intitulé “La menace des forces féodales dans les villagesprécise encore que le prestige du Parti communiste n’a jamais été aussi bas parmi les jeunes ruraux; ceux-ci n’expriment plus le désir d’entrer dans le Parti, alors que de plus en plus de gens, dit-il, veulent rejoindre les groupes religieux. Dans le district de Handan (Hebei), au cours de l’année 1990, 813 personnes se sont converties au catholicisme alors que 270 seulement sont entrées au Parti. Dans le Henan, entre 1982 et 1990, le nombre des chrétiens est passé de 400 000 à 1 million. Beaucoup de ces nouveaux convertis ont pris la décision de quitter le Parti, ce qui ne s’était jamais vu jusqu’à présent.

M. Wang Zhen déplore en particulier le fait que les activités politiques n’intéressent plus personne alors que la religion rassemble des foules. Prenant l’exemple d’un village du district de Chengan, dans le Hebei, il constate que les huit lieux de culte y sont extrêmement vivants avec des classes de bible quotidiennes et les messes du dimanche. “Nous prenons part aux activités de l’Eglise de par notre libre choix. Personne n’a besoin de nous convoquer, et nous ne voulons pas de récompense”, aurait déclaré un converti à M.

Wang Zhen. Par voie de comparaison, les convocations aux réunions de cellule du Parti sont largement relayées par la radio, et chaque participant reçoit un dédommagement de 1.5 franc environ.

Par ailleurs, M. Wang Zhen constate aussi le manque de crédibilité des cadres du Parti dans les villages: “Leur discours n’a que peu d’effet alors que celui des responsables religieux est extrêmement efficacedit-il. Récemment, à Chengan (Hebei), 500 personnes ont donné de l’argent et 600 autres leur force de travail pour construire, en l’espace d’un mois, une église de 4 000 mètres carrés. Quand le Parti lance un appel pour un service public, le résultat est beaucoup moins convaincant.

Durant l’été 1990, continue M. Wang Zhen, dans le district de Ninjin (Hebei), les autorités du Parti ont dû faire appel à un prêtre catholique pour persuader les paysans de vendre leur récolte au gouvernement. Dans un grand nombre de districts du Qinghai, le Parti est pratiquement dépendant des réseaux de l’Eglise pour faire connaître ses activités, à tel point que “l’approbation des dirigeants de l’Eglise y est nécessaire avant de pouvoir organiser des réunions du Parti

Il faut noter que la plupart des exemples utilisés par M. Wang Zhen sont localisés dans la province du Hebei où les catholiques ruraux sont très nombreux. Par ailleurs, son discours confirme l’inquiétude manifestée depuis quelques mois par le Parti communiste chinois sur le regain de vitalité des religions dans le pays, et en particulier sur les nombreuses conversions au christianisme (1). La moitié environ des 49 millions de membres du Parti sont des ruraux chez lesquels beaucoup de croyances bouddhistes sont fortement enracinées malgré plusieurs décennies de critique gouvernementale. Il existe aussi, en diverses provinces rurales du pays, des poches de christianisme, et beaucoup de minorités de Chine occidentale sont musulmanes.