Selon les observateurs, différents facteurs peuvent expliquer ce désintérêt. On cite notamment la modernisation accélérée du pays qui, sous les influences conjuguées du matérialisme et de l’Occident, pousse les gens à vouloir toujours « gagner plus d’argent, sans se soucier de l’impact sur la société; même les moines cherchent à s’enrichir ».
C’est justement du côté des bonzes que se trouverait un autre élément déterminant. Depuis plusieurs mois, la presse n’en finit plus de rapporter « une série de scandales, impliquant des moines, ce qui peut légitimement conduire les fidèles à s’interroger sur la moralité du clergé ». Pêle-mêle, on parle dans le public de malversations, d’histoires de faux papiers, de trafic de drogue, d’affaires de moeurs. Une de celles-ci, après plusieurs rebondissements, vient de trouver son dénouement dans la condamnation après appel, suivie de l’expulsion du coupable hors des rangs du clergé, par la plus haute instance religieuse thaïlandaise.
En ce pays où le bouddhisme est religion d’Etat, et où l’on dénombre plus de 30 000 temples, 250 000 moines et près de 25 000 novices, de tels démêlés ne vont pas sans remise en cause dans la population – à 95% bouddhiste – de l’autorité de la hiérarchie religieuse, dont on déplore « l’apparente incapacité à contrôler le comportement de ses moines ». On peut croire en effet que ces circonstances ne sont pas étrangères au développement de l’agnosticisme et de l’athéisme.