Eglises d'Asie

Charia ou pas Charia?

Publié le 18/03/2010




La Charia ne deviendra la base du système judiciaire pakistanais que si toutes les écoles de pensée en tombent d’accord. C’est du moins la promesse faite par le premier ministre, M. Nawaz Sharif. Il essayait, le 28 avril 1991, au cours d’une visite à Lahore, de calmer les esprits.

Depuis longtemps déjà, les chrétiens et d’autres protestent contre le projet, déjà présenté au parlement, qui vise à faire du système islamique la loi commune (9). Mais il semble bien que peu de spécialistes, même musulmans, soient d’accord sur sa nécessité. Plusieurs commentent même: “La question d’un consensus ne se pose pas dans un pays où il n’y a pas deux théologiens musulmans capables de s’entendre sur le sens de l’islam”.

Ce sont les chiites qui, apparemment, sont le plus opposés au projet de loi. Pour l’un d’eux, M. Ahmid Ali Shah Mosavi, le vrai problème du Pakistan est un problème de pauvreté et de droits de l’homme. Il demande au gouvernement de ne pas aggraver la situation en augmentant les tensions qui existent déjà entre les différentes communautés.

Par ailleurs, M. Khan Abdul Wali Khan, chef du parti Awami, pense qu’il n’est pas besoin d’introduire la Charia: le Coran suffit à donner aux musulmans une règle de vie.

De son côté, un politicien gauchiste, M. Mairaj Mohammed Khan, a peur que le pays ne se trouve bientôt devant une crise constitutionnelle. Il pense que la Charia risque de mettre en cause l’autorité du parlement, ainsi que les droits de l’homme: ce sera la loi de la jungle, craint-il.

Quant à Mme Asma Jahangir, avocate et militante des droits de l’homme, elle s’attend à ce que l’application éventuelle de la Charia multiplie les problèmes sociaux, en particulier pour les femmes et les minorités. Elle pense que le clergé musulman ne sera jamais satisfait. Depuis des années, on lui a toujours cédé. Il est grand temps de contenir la montée du fondamentalisme, dit-elle.