Eglises d'Asie

Shanghai: expulsion d’un prêtre italien et pressions sur l’Eglise catholique locale

Publié le 18/03/2010




Le P. Ciro Biondi, de l’Institut pontifical des missions étrangères de Milan, a été expulsé de Chine populaire le 29 juin 1991. La Sécurité de la ville l’a accusé d’avoir « aidé l’évêque clandestin Fan Zhongliang à rester en contact avec une puissance étrangère dans sa conduite d’activités religieuses illégales en contradiction avec l’article 36 de la Constitution de la République populaire de Chine » (2).

Le P. Biondi étudiait le chinois depuis un an dans une université de Shanghai. Il a récusé les accusations de la police tout en admettant avoir été en contact avec Mgr Fan. Après interrogatoire par la police et perquisition de sa chambre par une quinzaine d’agents de la Sécurité, il a été mis dans l’avion de Hongkong. Toute la scène s’est déroulée sous l’oeil d’une caméra de télévision. Tout en étudiant le chinois, le P. Biondi avait fait profiter l’imprimerie catholique de Shanghai (3) de son expérience professionnelle.

Un certain nombre d’événements récents donnent à penser que l’Eglise catholique de Shanghai, qu’elle soit « officielle » ou « clandestine », est soumise aujourd’hui à des pressions accrues de la part des autorités communistes.

A la fin du mois de mai, Mgr Louis Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai, avait reçu l’ordre, provenant du bureau local des Affaires religieuses, de ne plus permettre au P. Flynn, un prêtre américain, de continuer son enseignement au séminaire régional « officiel » de Sheshan. Par ailleurs, il semble que l’imprimerie catholique de Shanghai, financée avec des fonds étrangers, ne fonctionne plus. Le séminaire de Sheshan lui-même serait soumis à une surveillance accrue de la part des autorités. L’arrestation de l’évêque « clandestin », Mgr Fan Zhongliang, survenant juste au moment de l’élévation au cardinalat de Mgr Gong Pinmei (4), et l’expulsion du prêtre italien ne peuvent qu’accentuer une tension déjà perceptible depuis quelques mois.

Il est possible que ces pressions aient pour objet, au moins en partie, de forcer Mgr Louis Jin Luxian, influent à l’étranger et connu pour son ouverture, à s’ancrer encore plus fermement du côté d’une Eglise « officielle » soumise à l’Association patriotique et au Parti communiste. Par ailleurs, nous avons appris que Mgr Jin Luxian avait été appelé à Beijing par les autorités au début du mois de juillet. Il devait retourner à Shanghai le 5 juillet 1991.