Eglises d'Asie

La junte militaire persécute les musulmans

Publié le 18/03/2010




Depuis plusieurs mois, la junte militaire au pouvoir à Rangoon mène une campagne de persécutions contre la minorité musulmane rohingya qui occupe le nord de la province d’Arakan à la frontière du Bangladesh. 16 000 réfugiés ont été obligés de franchir la frontière et sont installés dans des conditions matérielles extrêmement précaires. Des bouddhistes de la même province d’Arakan sont maintenant invités à occuper les villages désertés par les musulmans.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement birman s’en prend à cette minorité. En 1978 déjà, 200 000 Rohingyas musulmans avaient été obligés de franchir la frontière sous la pression des autorités qui les accusaient d’être des immigrants illégaux.

Un certain nombre d’observateurs rapportent que, dans certaines villes, l’armée birmane aurait rasé des quartiers musulmans, fermé les mosquées et les institutions religieuses. Beaucoup de réfugiés déclarent aussi que les femmes de leur communauté ont été systématiquement violées par les soldats. Par ailleurs, l’armée aurait aussi enrôlé de force, sans les payer, plusieurs milliers de Rohingyas pour la construction d’une route et d’un nouveau camp militaire sur la frontière. La présence militaire birmane dans la région a doublé en un an: il y aurait aujourd’hui près de 10 000 soldats, dont plusieurs contingents de forces paramilitaires qui se sont acquis une certaine notoriété pour leur brutalité dans la répression du mouvement prodémocratique de 1988.

En s’en prenant à une minorité ethnique et religieuse vulnérable, le gouvernement de Rangoon espère sans doute faire l’unité de la population birmane bouddhiste derrière lui. Après avoir durement réprimé le mouvement des moines pour la démocratie (1) et placé la hiérarchie religieuse sous son contrôle, la junte essaye maintenant de donner des gages de son attachement au bouddhisme. Il ne se passe plus de jour sans que la télévision ne montre des hauts dignitaires de l’armée s’inclinant devant des moines ou faisant des dons à des monastères: « Ils font tout ce qu’ils peuvent pour montrer au peuple qu’ils sont de pieux bouddhistesobserve un habitant de Rangoon. Pour l’instant, ce sont les musulmans rohingyas qui font les frais de ce « national-bouddhisme ».