Pourtant, quelques jours auparavant, une radio italienne avait annoncé que M. Andreotti avait renoncé à cette rencontre sous la pression du Vatican, qui aurait considéré cette initiative comme « une offense à l’Eglise du silence ».
Avant de rencontrer M. Andreotti, Mgr Jin Luxian avait célébré une messe au cours de laquelle il avait invoqué la bénédiction divine « pour notre pape Jean-Paul II ».
Selon l’agence de presse italienne ANSA, l’évêque aurait exprimé le souhait que le Premier ministre italien puisse jouer un rôle de médiation entre le Vatican et Pékin. Mgr Jin Luxian a en outre déclaré que « l’Eglise catholique ne peut vivre dans la division ». Il a aussi déploré le fait que les catholiques chinois « soient comme des branches détachées du tronc de l’arbre ».
Interrogé sur les récentes déclarations du père Pittau, de la curie généralice des jésuites à Rome, selon lequel une vingtaine d’évêques « officiels », nommés par l’Association patriotique, auraient été reconnus par le pape (sur une soixantaine que compte cette Eglise) (3), Mgr Jin Luxian a marqué son étonnement: « Je n’ai pas compris son attitude,
étant donné que c’est un homme prudent. Peut-être a-t-il voulu jeter un pavé dans la mare, pour voir les réactions, mais il aurait dû savoir que le moment est mal choisi ».
A son retour à Rome, le Premier ministre italien a déclaré qu’il ne savait pas s’il pourrait jouer un rôle de médiateur entre le Vatican et Pékin, tout en précisant que les tensions entre le régime chinois et le Saint-Siège lui semblaient moins fortes qu’auparavant. Il a ajouté que « l’exercice de la religion est de nouveau possible en Chine et il y a un nombre croissant de vocations religieuses ». Par ailleurs, M. Andreotti a fait part à la presse de sa conversation avec Mgr Jin Luxian qui lui aurait déclaré: « A Rome, on croit que je suis un communiste fanatique, et ici en Chine je suis considéré comme un fanatique partisan du Vatican ».
De son côté, le quotidien de Hongkong « South China Morning Post », citant une source ecclésiastique, affirme le 12 septembre 1991, que c’est la moitié des évêques « officiels » de Chine – une trentaine donc – qui auraient déjà été reconnus secrètement par le Saint-Siège.