Eglises d'Asie

“Document n° 6” du Comité central du Parti: le ton se durcit

Publié le 18/03/2010




Comme “Eglises d’Asie” l’a déjà mentionné (2), un texte du Comité central du Parti communiste chinois a été distribué aux cadres du Bureau des Affaires religieuses. Daté du 5 février 1991, il est aussi connu sous le nom de “document n° 6”, et semble avoir été élaboré aussitôt après les interventions de Li Peng, premier ministre, et Jiang Zemin, secrétaire général du Parti, à la Conférence nationale des religions (3) en novembre 1990.

Pour l’essentiel, la ligne politique et le contenu sont identiques à ceux du “document n°19”, publié en 1982 (4). On note simplement que le “document n° 6/91” est beaucoup plus court puisqu’il ne comporte que 6 000 idéogrammes contre 12 000 dans le “document n°19/82”. Malgré tout, les observateurs notent un durcissement du ton dans le nouveau texte. Le “document n° 19” avait été publié alors que la Chine faisait ses premiers pas dans la politique d’ouverture et de réforme: il s’agissait de corriger une politique religieuse déficiente. En 1991, le “document n° 6” paraît alors que la direction du Parti est confrontée aux conséquences des changements en Europe de l’Est et de la “rébellion contre-révolutionnaire” du printemps 1989: il s’agit aujourd’hui, selon une source citée par un journal catholique de Hongkong (5), de “renforcer la gestion” des groupes religieux, et “les sanctionner selon la loiOn peut penser que si le document avait été écrit après août 1991 et la décomposition de l’empire soviétique, le ton aurait été encore plus dur.

Selon un observateur attentif de la scène chinoise, on retrouve dans ce texte les obsessions actuelles du Parti que sont l'”infiltration”, la “subversion” et l'”évolution pacifique” (6). Par ailleurs, alors que le “document n° 19/82” tolérait l’existence de réunions religieuses dans des maisons privées, le présent texte les décrit comme des “activités religieuses illégales

Un séminaire, réunissant à Hongkong des observateurs et des experts de la Chine, a discuté en détail les implications du “document n° 6”. Plusieurs participants ont noté qu’en Chine les hauts fonctionnaires font davantage attention aux instructions verbales qu’ils reçoivent qu’aux documents écrits. Il semblerait qu’en matière religieuse les autorités centrales aient récemment donné les pleins pouvoirs aux gouvernements provinciaux pour gérer les problèmes religieux dans le respect de la ligne politique fondamentale. Ceci expliquerait la récente publication d’un règlement pour les groupes religieux dans une région du Yunnan au début de l’année 1991 (2).

La plupart des participants du séminaire sont cependant tombés d’accord pour dire qu’il fallait s’attendre à une intensification de la répression dirigée aussi bien contre les organisations patriotiques religieuses que les Eglises “domestiques” et “clandestines”.

Il est également probable que les chrétiens étrangers en visite dans le pays seront soumis à une surveillance accrue et davantage de restrictions.