C’est le « Quotidien du Xinjiang », organe officiel du gouvernement, qui rapporte l’information dans son numéro du 18 novembre 1991. Le journal écrit que 25 000 membres du « personnel religieux professionnel » de la région ont été systématiquement examinés par des fonctionnaires gouvernementaux, chargés de s’assurer de leur allégeance politique au pouvoir central de Pékin. On a jugé que 2 500 d’entre eux ne remplissaient pas les conditions politiques et religieuses établies par les autorités gouvernementales.
Le « Quotidien du Xinjiang » ne mentionne pas le sort réservé à ces 2 500 personnes. Le ton de l’article suggère seulement que le personnel religieux doit être de « qualité » pour être reconnu par l’Etat. Le journal rapporte encore qu’un certain nombre d’écoles coraniques, ouvertes ces dernières années, « soutenaient des activités religieuses illégales et étaient les véritables responsables des troublesCe dernier terme se réfère sans doute aux sanglantes émeutes antichinoises du mois d’avril 1990 (4) et à l’agitation qui règne depuis lors dans la province. Ces écoles ont donc été « purgées » ou fermées depuis quelques mois.
Toujours selon le « Quotidien du Xinjiang », les mesures ainsi prises par les autorités régionales font suite aux instructions en provenance de Pékin appelant les responsables à « utiliser divers moyens pour propager la ligne politique et les principes du Parti et pour éduquer la population à l’unité des ethnies et l’unité de la patrie » (5).
Manifestement, Pékin s’inquiète des sentiments nationalistes qui animent de plus en plus la minorité musulmane ouïgour qui forme environ 60% de la population du Xinjiang.