Elles ont pu partager leurs soucis et parler, tout simplement, eau, bois de chauffage, santé, éducation, salaires.
Pour une journée de travail, à l’époque de la cueillette du coton, elles reçoivent l’équivalent de 3 à 5 francs. Et elles doivent en plus aller chercher, parfois très loin, l’eau et le bois nécessaires pour faire la cuisine. « Nous marchons, disent-elles, des kilomètres et des kilomètres, pour trouver de l’eau potable et les touristes nous prennent en photo lorsque nous grimpons aux arbres pour couper des branches. Mais combien d’entre nous meurent dans les douleurs de l’accouchement, parce qu’il n’y a, dans le voisinage, ni pharmacie, ni sage-femme. L’aide la plus proche se trouve parfois à 10 km. Pendant ce temps, les députés se bâtissent de grandes maisons et des usines. Pour obtenir l’emploi le plus humble dans l’administration, il faut la recommandation d’un ministre: comment pouvons-nous atteindre des personnages aussi importants? »
Lorsque les femmes travaillent aux champs, les propriétaires ne paient parfois que dix roupies quand ils en ont promis vingt. Et la journée, commencée à 8h du matin ne se termine qu’à 6h du soir.
Une paysanne de la province du Sindh raconte: « Toutes ces souffrances sont les nôtres. Elles sont notre vie. Qui mieux que nous peut les décrire? Les riches exigent que nous envoyions nos filles balayer chez eux: ils en profitent pour les violer. Ou bien elles doivent passer de longues heures aux champs, où elles sont en butte à la brutalité des hommes ».
Invité à la conférence, M. Javed Jabbar, ancien ministre de l’Information du gouvernement fédéral, dit aux participantes: « Le mot ‘politique’ vous paraît peut-être souillé, parce que nos politiciens se préoccupent surtout de leur avantage personnel. Mais si vous ne participez pas à la vie politique, les choses ne risquent pas de changer. Ce n’est pas parce que vous êtes venues à cette conférence que vous aurez l’eau demain: changez les structures de notre société qui vous oppressent, si vous voulez que soit dépensé en votre faveur le peu d’argent prévu dans notre budget pour les services sociaux ».