Eglises d'Asie

Réflexion théorique sur la progression du protestantisme dans le Jiangxi

Publié le 18/03/2010




Deux enseignants de l’école du Parti de la ville de Nanchang, dans la province du Jiangxi, ont signé un article consacré à l’évolution du protestantisme dans cette région au cours des dernières années. Cette étude, parue une première fois au mois de mars 1991 dans un journal régional, « Nouveau champ de vision », puis reprise dans la revue nationale, « Athéisme et religion » (2), contient une analyse sociologique de l’extraordinaire progression du protestantisme dans la région de Nanchang, aussi bien en nombre qu’en qualité. Elle propose aussi une stratégie de défense contre le développement de cette confession religieuse, accusée d’être « un opium spirituel importé de l’extérieur

C’est la surprise provoquée par le considérable accroissement du nombre de chrétiens de la région de Nanchang qui a conduit les deux auteurs à s’interroger sur ce phénomène. En effet, selon des statistiques recueillies par eux, 50 000 croyants – trois fois plus qu’en 1984 – habitent aujourd’hui la région. Parmi eux, il y a 10 000 protestants. Ces derniers ont accompli des progrès fulgurants. Ils n’étaient que 20 dans le district de Jinxian avant 1984; ils sont aujourd’hui plus de 6 000. L’article relève, de plus, la proportion toujours grandissante de jeunes, d’intellectuels et d’hommes, au sein de la communauté protestante. Par ailleurs, le niveau culturel des croyants ne correspond plus en rien à ce qu’en disait autrefois la propagande antireligieuse. En effet, 7 317 des chrétiens protestants auraient achevé leurs études secondaires et 229 possèderaient une formation universitaire. Les statistiques mentionnent aussi que 0,5 % des fidèles de la communauté protestante viendraient du Parti communiste.

L’article voit l’explication de ce développement religieux dans la conjonction de motifs d’ordre psychologique et d’influences étrangères. En milieu populaire, le désir de consommation a été exacerbé par une propagande intensive en provenance de l’Occident. Le socialisme réel ne pouvant, pour le moment, satisfaire ces aspirations à un plus haut niveau de vie, un certain nombre de gens tourneraient alors leurs espoirs vers « la toute-puissance divineLe bonheur espéré n’est d’ailleurs pas forcément spirituel. Il arrive que des croyants, après leur conversion, trouvent l’aisance, la santé, ou deviennent riches. De tels exemples attirent de nouveaux croyants à la religion.

L’influence de la culture étrangère joue aussi un rôle prépondérant: plus de 20 radios étrangères répandent « l’évangélisme » sur le continent chinois et les jeunes y sont particulièrement sensibles. Le protestantisme joue ainsi un rôle d’« opium spirituel » au service de l’étranger. Face à cette invasion idéologique, le travail de propagande pour l’idéologie socialiste reste faible et, souvent, inefficace. En beaucoup d’endroits, disent nos auteurs, capitalisme et théisme prennent la place du marxisme et de l’athéisme.

La conclusion de l’article est un appel à renforcer la position du marxisme orthodoxe. Certes, la religion subsistera durant les premières étapes du socialisme, mais elle n’en restera pas moins « un opium destiné à endormir la volonté de l’hommeun instrument au service des classes dirigeantes ou des puissances étrangères. Jamais, elle ne pourra devenir une catégorie de l’idéologie socialiste. Il faut donc renforcer l’édification de la « civilisation spirituelle » socialiste en utilisant des méthodes plus populaires. On perfectionnera aussi l’organisation des Eglises pour que celles-ci puissent résister à l’infiltration des forces religieuses étrangères.