Eglises d'Asie

Protestations contre un projet de loi punissant de mort le “blasphème”

Publié le 18/03/2010




Le 2 février 1992, les supérieurs religieux et la commission “Justice et paix” du diocèse de Multan ont envoyé, une pétition au premier ministre du Pakistan, lui demandant d’annuler le projet de loi condamnant à la peine de mort ceux qui auront été déclarés coupables de blasphème contre le prophète Mahomet ou contre l’islam. Ce texte, qui a déjà été adopté par l’Assemblée nationale, se trouve actuellement devant le Sénat. Pour les pétitionnaires, la future loi ne respecte pas les droits des minorités, droits qui leur sont garantis par la Constitution.

La lettre a été écrite à la suite de deux incidents: l’arrestation, le 13 décembre 1991, de deux catholiques accusés d’avoir blasphémé, et l’assassinat, le 6 janvier 1992, d’un instituteur protestant (16). Selon la police qui enquête sur ce meurtre, il n’est pas établi que la victime ait insulté le Prophète en quoi que ce soit. “Nous pensons, disent les pétitionnaires, que cette loi est la raison pour laquelle M. Naimat Ahmer (l’instituteur) a été tué. L’atmosphère générale du Pakistan étant ce qu’elle est, nous craignons qu’elle ne mette des armes entre les mains de n’importe qui et que personne ne soit plus en sécurité”. Ils demandent au premier ministre, M. Mohammed Nawaz Sharif, de travailler à faire disparaître la violence et la haine, au lieu de leur accorder une reconnaissance légale. “Le meurtre (de M. Ahmer) risque de ne pas être le dernier si le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires pour refondre le projet de loi et y inclure un avertissement aux citoyens du Pakistan qu’ils ne peuvent, à leur gré, tuer leurs compatriotes. En tant que communauté minoritaire, nous rejetons ce projet de loi. Nous vous demandons d’empêcher qu’il devienne loi, parce qu’il va à l’encontre des droits des Pakistanais, particulièrement des minorités”.

Selon certaines sources, un certain nombre d’individus, et des groupes fondamentalistes musulmans sont tentés d’utiliser ce projet de loi contre le blasphème pour régler des comptes personnels ou vider des querelles politiques sans rapport avec la religion.