L’histoire est en fait déjà ancienne. Elle remonte au temps de M. Mohammed Zia Ul-haq, qui dirigea le Pakistan de 1977 jusqu’au moment de sa mort dans un attentat en 1988. Afin de renforcer son emprise sur le pays, M. Zia avait rétabli de nombreuses lois islamiques: ainsi, par exemple, la lapidation pour cause d’adultère était-elle remise à l’honneur. Mais il avait résisté à la pression exercée par les fondamentalistes au sujet du système bancaire. Il avait demandé que les choses restent en l’état jusqu’en juin 1990.
Les partis religieux, qui sont membres de la coalition actuellement au pouvoir, exercent à l’Assemblée nationale une influence très disproportionnée au nombre de sièges (moins d’une douzaine sur 217) qu’ils y occupent. Mais ils sont très bien organisés et jouissent d’un très grand ascendant sur la population pakistanaise.
Or, si le gouvernement obéit aux injonctions du tribunal islamique, l’économie du pays risque d’en souffrir, et les investisseurs étrangers de partir. Le premier ministre pourrait se tourner vers la Cour suprême qui a le pouvoir de casser les décisions des tribunaux religieux. Mais, dit un économiste, M. Imtiaz Alam: « Le clergé accroît sa pression sur le gouvernement pour l’empêcher de faire appel. Les forces fondamentalistes ne sont même pas disposées à lui permettre de chercher un compromisEt le directeur de la « Muslim Commercial Bank » demande: « Comment pourrait-on transformer en six mois un système qui est en place depuis 45 ans? »
Il reste encore au premier ministre la possibilité de convoquer une conférence du clergé musulman et de chercher avec les représentants de celui-ci une solution à ce conflit.