Eglises d'Asie

Xinjiang: les séparatistes musulmans sur le sentier de la guerre

Publié le 18/03/2010




Le chef du gouvernement de la région autonome du Xinjiang, M. Tomur Dawamat, est apparu à la télévision pour demander que la répression s’intensifie contre les séparatistes musulmans. C’est le signe que l’agitation indépendantiste dans le Xinjiang prend des proportions inquiétantes (3).

Dans sa déclaration, M. Tomur Dawamat semble reconnaître que les changements survenus en Asie centrale ces deux dernières années ont suscité un regain d’espoir chez ceux qui voudraient créer une « république islamique du Turkménistan oriental » indépendante de Pékin: « La situation internationale changeante a affecté et continue à affecter la stabilité sociale du Xinjianga-t-il dit. Il ajoute que « les forces hostiles intérieures et extérieures ont intensifié leurs activités d’infiltration, de subversion et de sabotageSi l’on en croit M. Tomur Dawamat, il ne s’agirait cependant que d’« une poignée de séparatistes nationalistes à l’intérieur et à l’extérieur du pays

Le 5 février 1992, une bombe à retardement attribuée aux séparatistes musulmans avait explosé dans un parking d’autobus de la capitale provinciale. Elle avait causé la mort de six personnes et 20 autres avaient été blessées. Les jours suivants, plusieurs autres bombes avaient explosé le long de la frontière avec l’ex-Union soviétique. En avril 1990 déjà, des émeutes populaires avaient fait une cinquantaine de morts dans la ville de Baren. Le gouvernement chinois avait attribué les désordres à un certain « Parti islamique du Turkménistan oriental », et accusé les militants musulmans d’avoir lancé une « guerre sainte » contre la Chine.

Depuis plusieurs mois, les dirigeants de Pékin essayent de forger des liens amicaux avec les républiques nouvellement indépendantes situées à leur frontière septentrionale, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Pour les dirigeants chinois il s’agit avant tout d’empêcher tout soutien logistique ou idéologique que ces républiques seraient tentées d’apporter à leurs frères musulmans du Xinjiang et des autres régions frontalières.

L’une des raisons pour lesquelles Pékin s’inquiète des velléités indépendantistes du Xinjiang est que la région est appelée à devenir, dans un avenir proche, une source majeure de production pétrolière.

La population du Xinjiang est composée à 60% de Ouïgours, Kazakhs, Tadjiks et Ouzbeks, tous musulmans, historiquement et culturellement plus proches de leurs voisins anciennement soviétiques que des « Han » qui sont au pouvoir à Pékin. Il faut noter cependant que l’implantation des Chinois « Han » dans cette région a été favorisée par le pouvoir central à tel point que ceux-ci sont aujourd’hui majoritaires dans plusieurs villes du Xinjiang.