Eglises d'Asie

Les pays musulmans de l’ASEAN prennent leurs distances vis-à-vis de la junte militaire

Publié le 18/03/2010




La répression conduite par la junte militaire de Rangoon contre la minorité rohingya musulmane de l’Etat d’Arakan (1) et les atrocités commises par l’armée birmane ont amené la Malaisie, dont la population est majoritairement musulmane, à changer de politique vis-à-vis de Rangoon. D’autres pays de l’ASEAN, tels que Singapour et l’Indonésie, ont aussi pris leurs distances par rapport à la junte militaire.

Le gouvernement malaisien vient de lancer un appel aux pays membres de l’ASEAN pour qu’ils abandonnent leur politique de neutralité bienveillante vis-à-vis de Rangoon. Les autorités de Kuala Lumpur ont aussi convoqué l’ambassadeur de Birmanie pour exprimer leur profonde inquiétude concernant la situation des Rohingyas. Elles demandent à Rangoon de « cesser immédiatement tout acte de répression contre les Rohingyas et de se préparer au retour des réfugiésPrès de 200 000 Rohingyas sont entassés dans des camps du Bangladesh voisin.

Jusqu’à présent, les pays de l’ASEAN avaient résisté aux pressions occidentales, et refusé d’imposer des sanctions économiques à la Birmanie, malgré les violations répétées des droits de l’homme dans ce pays (2) et la répression féroce du mouvement prodémocratique pourtant largement vainqueur des élections populaires de 1990. La politique commune de l’ASEAN consistait à rechercher un « dialogue constructif » avec les autorités militaires de Rangoon. M. Goh Chok Tong, premier ministre de Singapour, avait même déclaré en janvier 1992: « Notre ambition n’est pas de changer le monde; elle n’est pas non plus de changer la politique de nos voisins

La présence au sein de l’ASEAN de pays à forte majorité islamique, tels que la Malaisie, l’Indonésie, Brunei, et l’existence de fortes minorités musulmanes en Thaïlande, aux Philippines, et à Singapour, sont autant de facteurs qui amènent un changement dans la donne politique régionale depuis que les militaires birmans s’en prennent aux Rohingyas.

La Malaisie a fait appel aussi aux autres pays musulmans et aux Nations Unies pour que la question des Rohingyas soit traitée au niveau international. Dans son appel, le gouvernement malaisien compare les Rohingyas aux Palestiniens.