Eglises d'Asie

Tibet: un moine connu pour son militantisme est mort dans des circonstances suspectes

Publié le 18/03/2010




Le 22 février 1992, Champa Tenzin, moine du temple de Jokhang à Lhassa, a été trouvé mort dans son lit, le corps couvert de sang et une corde passée autour du cou. La police a décidé qu’il s’agissait là d’un “suicide”, non par pendaison mais par strangulation volontaire. Elle a convaincu le responsable du monastère de signer un document accréditant cette version.

A Lhassa, des sources indépendantes mettent pourtant les faits en doute. Selon elles, aucune enquête n’a été menée, et le suicide paraît invraisemblable. Champa Tenzin s’était acquis une grande renommée au Tibet comme en Occident, en 1987, en sauvant des prisonniers enfermés dans un commissariat de police en feu, lors d’une violente manifestation indépendantiste. Les manifestants l’avaient ensuite porté en triomphe. Les photographies le montrant, porté par la foule et brandissant un foulard blanc, sont devenues le symbole du mouvement indépendantiste tibétain.

Un mois plus tard, le 22 mars, plusieurs centaines de personnes, conduites par quatre moines, ont manifesté autour du temple de Jokhang, en criant des slogans antichinois en faveur de l’indépendance et du Dalaï Lama. La police a dû tirer en l’air pour essayer de disperser les manifestants. Les moines brandissaient un drapeau tibétain, ce qui est considéré par les autorités chinoises comme un crime passible de la peine de mort. Les quatre moines ont été arrêtés, battus par la police en présence des autres manifestants qui ont couvrert d’injures les forces de l’ordre: “La situation, extrêmement tendue, a failli tourner à l’émeute sanglantea commenté un témoin oculaire de passage dans la capitale tibétaine ce jour-là.

La manifestation a coïncidé avec le retour sur la scène de M. Hu Jintao, secrétaire général du Parti communiste tibétain. Il ne s’était pas montré en public depuis un an. Le jour de la manifestation, il a prononcé un discours demandant des réformes pour le Tibet et une politique plus réaliste du gouvernement central.