Eglises d'Asie

Les religions menacent la prépondérance du Parti communiste

Publié le 18/03/2010




Si l’on en croit le numéro de mars 1992 de la revue communiste de Pékin, « Cheng Ming », un pourcentage considérable des 50 millions de membres du Parti se serait tourné vers la religion. La revue rapporte le propos de M. Wu Qiao Mu, un membre de la faction dure du Parti, qui demande: « Dans le long terme, n’y aura-t-il pas davantage de croyants à la religion que de croyants au Parti communiste »?

L’article de « Cheng Ming » divulgue ensuite la teneur d’une conversation entre M. Wu Qiao Mu et les responsables des départements respectifs de la Propagande et de l’Organisation durant laquelle ce membre éminent du Parti exprime son inquiétude à propos de l’augmentation du nombre des croyants protestants et catholiques. L’augmentation de 3 millions depuis 1988 du nombre des membres du Parti est à peine comparable à celle des croyants, déclare-t-il. « Nous n’avons pas le droit de baisser la garde, ajoute-t-il. Ignorer la situation présente équivaudrait à enterrer le Parti

Par ailleurs, M. Wu Qiao Mu critique sévèrement les structures d’organisation du gouvernement central: « La structure fondamentale de beaucoup d’organisations du Parti manque par trop de rigueur, dit-il. La formation idéologique est devenue une simple formalité; quelques organisations ne la pratiquent même plus. Pourtant, des dizaines de milliers de communautés protestantes et catholiques, et d’innombrables temples bouddhistes et de mosquées continuent leurs activités d’enseignement sans s’occuper du temps qu’il fait

Passant ensuite à des constatations plus pratiques, M. Wu se plaint que « tout le monde ne paie pas sa cotisation au Parti alors que les contributions aux églises et aux temples continuent à s’accumuler ». « Selon nos sources, ajoute-t-il, « la Bible a été traduite dans plus de dix langues minoritaires de Chine (5); les écrits de Marx, Lénine et Mao n’ont pas droit, eux, à tant de versions, pas plus que les livres de Deng Xiaoping et Chen Yun. Tout ceci est très dangereux

Ce n’est pas la première fois qu’un membre éminent du Parti s’en prend aux religions et plus particulièrement au christianisme dont beaucoup disent craindre l’influence déstabilisatrice (6). Par ailleurs, l’appartenance à une religion étant interdite aux membres du Parti (7), ceux-ci en sont réduits à pratiquer leur foi clandestinement.