Eglises d'Asie

Un évêque et deux prêtres « clandestins » libérés de prison et placés dans des maisons pour personnes âgées, sous la surveillance de l’Association patriotique

Publié le 18/03/2010




Mgr Pierre Liu Guandong, évêque « clandestin » de Yixian dans la province du Hebei, et président de la Conférence épiscopale « clandestine », aurait été « libéré » de la prison où il purgeait une peine de prison de trois ans depuis décembre 1990. L’information publiée par le ministère de la Justice de Pékin, le 22 mai 1992, précise que le prélat sera confié à l’Association patriotique des catholiques chinois et placé dans une maison pour vieillards. Les observateurs estiment qu’il faut attendre pour savoir si cette formulation n’est pas un euphémisme pour « résidence surveillée ».

Avec Mgr Liu Guandong et dans les mêmes conditions, ont aussi été « libérés » les PP. François Wang Yijun, de Wenzhou dans la province du Zhejiang, et Joseph Jin Dechen, de Nanyang dans la province du Henan. Les PP. Wang et Jin ont déjà fait de nombreuses années de prison depuis 1957, de façon intermittente.

Mgr Pierre Liu Guandong était l’une des principales figures associées à la fondation de la Conférence épiscopale « clandestine », qui se veut fidèle à Rome et à l’Eglise universelle. La réunion fondatrice avait eu lieu le 21 novembre 1989 dans la province du Shaanxi, et Mgr Liu avait été élu président de cette Conférence épiscopale (1). Une semaine plus tard, il avait été arrêté. Peu à peu, au cours des semaines suivantes, tous les participants de cette réunion furent d’ailleurs arrêtés (2). Mgr Liu avait alors été accusé d’avoir « fomenté, organisé et formé des organisations illégales », ainsi que « d’avoir pris part à des activités illégales

Selon les observateurs les plus avertis, cette « libération » de Mgr Liu Guandong et des deux prêtres « clandestins » est difficile à interpréter dans le contexte actuel. Elle advient après la mort « suspecte » en détention (3) de trois autres évêques « clandestins » et pourrait être destinée à faire oublier la publicité négative qui en a résulté pour le gouvernement chinois.

M. John Kamm, président de la Chambre de commerce américaine de Hongkong, estime quant à lui que ce geste du gouvernement chinois pourrait être un signe de libéralisation de la politique religieuse et pourrait faciliter un rapprochement du Vatican et de la Chine. C’est à M. John Kamm que le gouvernement chinois a adressé la lettre annonçant la libération des trois leaders de l’Eglise catholique « clandestine ». Défenseur des droits de l’homme, M. John Kamm négocie depuis plusieurs mois avec Pékin la libération d’un certain nombre de dissidents, et plaide auprès du gouvernement américain pour que la Chine obtienne le statut de pays « privilégié » dans ses relations commerciales avec les Etats-Unis.