Eglises d'Asie

Tibet: agitation indépendantiste et répression s’intensifient dans des monastères éloignés de la capitale et peu touchés jusqu’ici

Publié le 18/03/2010




En dépit d’une répression sévère de la part des forces armées chinoises, l’agitation indépendantiste s’est intensifiée depuis quelques mois dans tout le Tibet et plus particulièrement dans les campagnes pourtant peu touchées jusqu’à présent.

Des manifestations populaires antichinoises se déroulent régulièrement depuis cinq ans environ à Lhassa et dans les grandes villes tibétaines (1). Aujourd’hui, on constate que l’agitation s’est étendue vers les campagnes et les monastères isolés qui n’étaient pas engagés jusqu’à présent dans des activités politiques.

Selon M. Robert Barnett, qui anime un réseau d’information sur le Tibet à Londres, 69 moines au moins ont été arrêtés depuis le début de l’année 1992 dans des monastères éloignés de la capitale. Ils sont accusés d’activités indépendantistes. Toujours selon la même source, le 16 mai 1992, six moines ont été arrêtés à Lhassa alors qu’ils manifestaient pour l’indépendance du Tibet: tous les six venaient de monastères éloignés de la capitale.

Les autorités chinoises s’inquiètent visiblement de cette recrudescence de l’agitation dans le pays. Elles refusent systématiquement les visas d’entrée aux journalistes désireux d’enquêter sur la situation au Tibet. Par ailleurs, une délégation autrichienne et deux sénateurs américains ont été obligés d’annuler leurs visites. Les Autrichiens avaient pourtant été invités par le premier ministre Li Peng lui-même il y a quelque temps.

Un autre incident, propre à inquiéter le gouvernement chinois, est la manifestation de protestation qui s’est déroulée autour du monastère de Shigatse où des moines sont en train d’examiner un certain nombre de bébés, candidats à la succession du 10ème Panchen lama, décédé à Pékin au début de l’année 1989 (2). La manifestation était organisée par des moines qui exigent que la prochaine réincarnation du Panchen lama soit approuvée par le Dalaï lama, qui vit en exil en Inde. Le gouvernement chinois essaie d’influencer le choix du nouveau Panchen lama pour qu’il soit choisi dans les milieux tibétains favorables à la Chine. Dans la hiérarchie du bouddhisme tibétain, le Panchen lama occupe la deuxième position après le Dalaï lama.