Eglises d'Asie

La situation politique et militaire sur la frontière thaïlandaise rend difficile le travail pastoral chez les catholiques karen

Publié le 18/03/2010




Le conflit militaire qui oppose l’Armée nationale birmane à l’Armée de libération karen dure toujours même s’il a perdu de son intensité depuis le mois de mai 1992. Un certain nombre de catholiques Karen, jeunes et instruits pour la plupart, ont rejoint les rangs de l’Armée de libération de leur peuple par conviction personnelle. Ils se retrouvent dans les camps de la frontière avec de nombreux autres catholiques, qui ont fui leurs villages après avoir été victimes d’exactions de la part de l’armée birmane. Leurs églises et leurs maisons ont été brûlées. Jeunes ou vieux ont été souvent réquisitionnés de force par l’armée birmane pour le transport des armes dans la jungle. Au moindre refus, ils étaient abattus comme du bétail. Beaucoup de catholiques ont alors rejoint la frontière thaïlandaise. Certains se trouvent aujourd’hui dans les 13 camps de réfugiés qui longent la frontière en territoire thaïlandais. D’autres ont reconstitué des villages en territoire birman.

Les catholiques, vivant des deux côtés de la frontière, veulent une vie chrétienne plus étoffée, et viennent s’adresser aux prêtres de Maesod en Thaïlande. Depuis 1989, ceux-ci visitent les catholiques des camps et des villages de chaque côté de la frontière. Une pastorale sacramentelle, catéchétique et scolaire, s’est mise en place peu à peu.

En 1992, trois catéchistes animent la catéchèse des enfants: l’un travaille à Métamita dans le Tenasserim (au sud de la Birmanie). Un autre est à Maneplaw, centre politique, administratif et militaire de toutes les oppositions au régime de Rangoon. Le troisième visite les catholiques qui habitent dans les camps de réfugiés en Thaïlande.

Depuis 1987, trois églises symbolisent la volonté de l’Eglise catholique d’être présente au milieu des Karen déplacés et en lutte. A Métamita, c’est l’église de la Résurrection, à Maneplaw l’église du Rédempteur, à Bawno (camp de réfugiés) l’église de la Sainte Famille. Il est difficile de savoir le nombre exact des catholiques dans cette zone. On l’estime à un millier. Ceux que la pastorale touche régulièrement sont au nombre de 400, groupés autour des trois églises déjà mentionnées.

La violence des combats dans les quatre premiers mois de 1992 n’a pas permis aux catholiques de célébrer la Semaine sainte. Pas plus que d’organiser la semaine traditionnelle de catéchèse pour tous les enfants. Enfants et adultes se sont cachés dans la forêt pour éviter bombes et roquettes de l’aviation et de l’artillerie birmanes.

Le 28 avril 1992, le général commandant l’offensive militaire, destinée à anéantir la base militaire karen de Maneplaw, a proclamé la cessation des combats et les troupes birmanes se sont repliées de quelques kilomètres. Cette décision tient sans doute aux pertes subies par l’armée birmane, mais aussi à la nécessité d’apaiser l’opinion internationale et peut-être à un désaccord au sein de l’armée elle-même.

Dès le début mai, les catholiques “fuyards” de la forêt sont retournés à leurs villages de personnes déplacées, en attendant le jour où ils pourront enfin revenir dans leurs villages d’origine. La plupart des catholiques déplacés viennent des régions de Kamamaw, Papun, et Bassein.

L’ethnie karen forme environ 7% de la population totale de la Birmanie estimée à 45 millions. La majorité des Karen sont protestants, mais il y a aussi une forte minorité de catholiques parmi eux. Les Karen sont en lutte contre le pouvoir central birman pratiquement depuis 1948.