Eglises d'Asie – Chine
Tianjin : malaise dans le diocèse après l’intronisation du nouvel évêque “officiel”
Publié le 18/03/2010
Selon ces sources, le premier document appelle les fidèles à accepter le dialogue avec l’Association patriotique des catholiques chinois au nom de l’esprit d’ouverture et d’oecuménisme recommandé par le représentant du Saint-Siège à Hongkong. Dans l’autre document, daté du 22 juin 1992, les autorités diocésaines “officielles” rappellent que les prêtres qui entendent les confessions sans l’autorisation de Mgr Joseph Shi Hongchen sont “suspens a divinis” et que les absolutions qu’ils donnent sont invalides.
Différents observateurs ne manquent pas de relever que l’invocation de l’autorité romaine et du droit canon par l’Association patriotique, championne de l’indépendance de l’Eglise de Chine, ne manque pas de sel. Mais l’existence de ces documents indiquerait surtout que beaucoup de membres de l’Eglise “clandestine”, très forte à Tianjin, ne reconnaissent pas la légitimité du nouveau pasteur.
Ordonné secrètement à l’épiscopat en 1982 par Mgr Joseph Li Side, évêque “clandestin” de Tianjin, Mgr Joseph Shi Hongchen avait accepté dès 1984 de devenir curé d’une paroisse de l’Eglise “officielle”. Son élection par l’Association patriotique comme évêque “officiel” pouvait apparaître comme une solution de compromis propre à faire avancer la réconciliation entre les “officiels” et les “clandestins”.
Selon les sources de Hongkong, il semble au contraire que beaucoup de membres de l’Eglise “clandestine” voient dans cette opération une entreprise de récupération manigancée par l’Association patriotique. Ils dénoncent en particulier l’emprisonnement de Mgr Joseph Li Side durant les jours qui ont précédé “élection” et intronisation de Mgr Shi Hongchen (2). Ils estiment que cette mise à l’écart était destinée à l’empêcher d’intervenir durant le processus.
Par ailleurs, un catholique, dont les propos ont été recueillis par un voyageur de Hongkong, juge que la cérémonie d’intronisation de Mgr Shi Hongchen, présidée par trois évêques “officiels”, n’était qu’une “mascarade religieuse montée par des personnes en principe mûres et sérieuses mais qui n’ont jamais eu le courage de la véritéIl semble en effet qu’on ait voulu faire ressembler à une véritable ordination épiscopale ce qui n’était qu’une intronisation.
Il y a environ 100 000 catholiques à Tianjin. L’autorité de Mgr Joseph Li Side, évêque “clandestin” ordonné au début des années 80, est reconnue par la grande majorité d’entre eux. Il est vice-président de la Conférence épiscopale “clandestine” fondée dans le Shaanxi, le 21 novembre 1989 (3). Il a déjà été emprisonné à plusieurs reprises. L’évêque “officiel” précédent, Mgr Li Depei, “élu” en 1958 par l’Association patriotique n’a jamais
pu diriger le diocèse, les fidèles refusant d’accepter son autorité. Il est mort en 1991 dans la banlieue de Pékin où il résidait depuis de très nombreuses années (4).