Eglises d'Asie

L’archevêque de Kuala Lumpur met en garde contre l’imposition de la Shariah

Publié le 18/03/2010




Afin de protéger les droits civils des non-musulmans en Malaisie, Mgr Anthony Soter Fernandez, archevêque de Kuala Lumpur, presse les dirigeants de toutes les religions du pays de faire appel au Parlement fédéral pour empêcher l’introduction de la loi islamique dans les Etats de la fédération malaisienne. L’archevêque écrit dans une lettre remise à la presse le 18 septembre: « Le gouvernement de l’Etat de Kelantan est décidé à introduire la loi islamique. S’il réussit, rien ne garantit que les autres Etats ne vont pas essayer de faire de même ».

L’adoption de cette mesure au Kelantan assujettirait les non-musulmans à certaines dispositions de la loi islamique (Shariah) parce que leurs religions n’ont pas de code pénal. Chrétiens, hindous, sikhs et bouddhistes doivent donc exercer leurs responsabilités pour convaincre tous les membres du Parlement de s’opposer à l’amendement de la constitution fédérale qui permettrait d’introduire la loi islamique au Kelantan. Car un tel précédent, « même pour un seul Etat », a souligné l’archevêque, affecterait les droits civils de tous les croyants qui ne sont pas musulmans.

Depuis 1990, le Kelantan, Etat à majorité musulmane situé au nord-est de la péninsule malaise, est dirigé par le parti islamique « Parti Islam », membre de l’opposition contre la coalition qui gouverne la fédération et qui est dominée par « l’Organisation nationale des Malais unis ».

Le parti islamique a fait campagne pour incorporer dans la constitution de l’Etat le code de la Shariah appelé « hudood », ce qui exigerait d’amender la constitution fédérale. Le code hudood prescrit de couper les mains aux voleurs, d’empaler les brigands, d’exécuter les meurtriers et de lapider les adultères. Certains pensent, écrit l’archevêque, que cela n’arrivera jamais. Mais combien de choses n’ont-elles pas été déjà introduites ? « Prévenir vaut mieux que guérir, poursuit-il. Si la loi islamique est introduite, il sera extrêmement difficile de défaire ce qui aura été fait ».

L’archevêque a hâté la diffusion d’une brochure sur l’affaire, préparée par le comité consultatif malaisien pour le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme et le sikhisme. Aux dirigeants de ce comité, le premier ministre du Kelantan, M. Nik Aziz Mat, a déclaré lors d’une première rencontre au mois de mai 1992 que les lois islamiques s’appliqueraient à la totalité de la population, musulmane et non musulmane. Si, a-t-il ajouté, une religion a ses propres lois sur les infractions criminelles, ses adeptes peuvent suivre ces lois. Si elle n’a pas de loi spécifique pour le châtiment d’un crime, ses adeptes seront assujettis à la législation de l’Etat, qui sera celle du code hudood.

Le P. Paul Tan, jésuite, secrétaire du comité consultatif, a déclaré que les religions qu’il connaît, bouddhisme, hindouisme, christianisme et sikhisme, n’ont pas prévu de châtiments spécifiques pour chaque catégorie de crimes. « Ce qui signifie qu’en pratique, tous les croyants non musulmans seraient assujettis aux lois du code hudood ».

« L’organisation nationale des Malais unis » et la plupart des grands partis politiques de Malaisie se sont opposés avec vigueur à un amendement de la constitution fédérale qui permettrait l’introduction du code hudood dans les Etats de la fédération.