Eglises d'Asie – Chine
Eglise catholique « officielle » : la formation des futurs prêtres est une urgence
Publié le 18/03/2010
Le 9 octobre 1992, lors d’une messe d’action de grâces pour le dixième anniversaire de leur maison de formation, les élèves du séminaire régional de Sheshan ont entendu de la bouche de leur recteur, Mgr Aloysius Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai : « C’est aujourd’hui une époque cruciale pour l’évangélisation de la Chine, où 1,1 milliard de Chinois n’ont pas encore entendu l’Evangile du Christ ». Mgr Jin a exhorté les séminaristes à affronter avec courage les difficultés et les défis et à persévérer dans leur vocation, avec la foi, leur a-t-il dit, que « notre Seigneur vous guidera, vous donnera de travailler en accord avec Sa volonté et de faire chaque pas de la route vers Lui. » Entouré d’une quarantaine de prêtres formés à Sheshan, Mgr Jin a concélébré la messe dans la basilique Notre-Dame du Bon Secours, qui domine la colline de la banlieue de Shanghai où se trouvent les bâtiments du séminaire.
Les 139 séminaristes qui vivent aujourd’hui à Sheshan participent à des cérémonies célébrées en chinois selon la liturgie du concile Vatican II et assistent à des cours donnés par des professeurs venus de Chine continentale, de Hongkong, de Taiwan et d’Europe occidentale.
L’anniversaire du séminaire a également été marqué par une session pastorale organisée pour les anciens élèves, l’ordination de deux nouveaux prêtres et l’inauguration de l’église de Notre-Dame de Lourdes qui vient d’être construite à Tangwuqiao à l’Est de Shanghai.
Depuis qu’après les tumultes de la Révolution culturelle (1966-1976) le séminaire de Sheshan a ouvert ses portes, le 11 octobre 1982, 70 de ses élèves ont été ordonnés prêtres. Mgr Jin qui n’oublie pas les mille difficultés que l’établissement a rencontrées pendant cette décennie, affirme que « la formation sacerdotale arrive au début de sa floraison » en Chine.
Le Père Francois-Xavier Yao Jingxing, préfet des études de Sehshan, se souvient lui aussi des handicaps que les 36 premiers élèves du séminaire eurent jadis à surmonter. Il évoque ces pionniers, entassés dans une seule salle de cours, ne disposant, comme bibliothèque, que de huit livres, empruntés au séminaire protestant de Nankin.
Mais, poursuit le vieux prêtre (77 ans), le séminaire de Sheshan a été aiguillonné par ses débuts modestes, surtout au cours des dernières années, depuis que le gouvernement chinois l’a autorisé à faire venir d’outre-mer 17 universitaires catholiques, prêtres et religieuses, pour donner de courtes séries de cours qui ont ouvert aux séminaristes de nouveaux domaines de connaissance.
Grâce à l’enseignement très dense de ces professeurs venus de l’extérieur, a fait remarquer un séminariste de Sheshan, le programme d’étude est devenu plus chargé et plus dur à suivre, mais, a-t-il ajouté, ce sont des cours utiles et intéressants. Il admet que l’ambiance favorise les études, mais regrette l’insuffisance des équipements scolaires et le manque d’ouvrages de référence.
Un autre étudiant de Sheshan a toutefois expliqué qu’en dépit d’une forte compétition entre élèves, des espoirs très haut placés que leurs diocèses d’origine mettent en eux, et des pressions très fortes qu’ils ressentent, tous les séminaristes regardent comme une vraie bénédiction d’avoir été admis dans le séminaire « le mieux équipé » de Chine continentale.
Selon le Père Yao, le cadre des études sur un campus de 1,2 hectare a été beaucoup amélioré par la construction de nouveaux bâtiments en 1986. L’établissement est maintenant capable d’héberger 160 séminaristes. Il comprend une chapelle, une salle de conférences, une bibliothèque informatisée de quelque 30 000 volumes, un terrain de basket-ball, un secrétariat, plusieurs bâtiments de salles de cours et un dortoir.
Parmi les 139 séminaristes d’aujourd’hui, 123 étudient la philosophie et la théologie, 16 poursuivent des études spécialisées. En outre, cinq prêtres récemment ordonnés continuent leur formation à Sheshan.
Le candidat à l’entrée à Sheshan doit avoir étudié le chinois, la littérature, l’histoire et la politique pendant deux ou trois ans au petit séminaire de son diocèse. Il est soumis à une épreuve d’admission.
Le séminaire est dirigé conjointement par le diocèse de Shanghai et par d’autres diocèses de six provinces de la Chine de l’Est : Anhui, Fujian, Jiangxi, Shandong, Shanxi et Zhejiang. Depuis l’amélioration de ses locaux, l’admission de ses élèves a été élargie en 1989 à d’autres parties de la Chine et le séminaire est maintenant ouvert à 38 diocèses.
A noter que Mgr Jin Luxian, évêque de Shanghai et responsable du séminaire de Sheshan, a été nommé président de la commission épiscopale pour les séminaires lors du Congrès national des organisations catholiques qui s’est tenu à Pékin du 15 au 19 septembre 1992 (2).