Eglises d'Asie

Un décret gouvernemental oblige tout citoyen à indiquer son appartenance religieuse sur sa carte d’identité

Publié le 18/03/2010




Cédant à la pression exercée par les fondamentalistes musulmans, et pour étouffer dans l’oeuf une manifestation prévue par ceux-ci devant le parlement d’Islamabad, le gouvernement pakistanais a ordonné, par décret du 13 octobre 1992, que la religion de chaque citoyen soit indiquée sur sa carte d’identité (10).

Cette décision, à laquelle les minorités religieuses du pays tentaient depuis quelques mois de s’opposer, ne fait qu’aggraver le contentieux entre le gouvernement et les chrétiens.

M. Martin Aslam, coordinateur de la commission nationale oecuménique “Justice et paix”, a donné une conférence de presse, le 17 octobre 1992 : “Maintenant, nous le savons, nous sommes des étrangers dans notre propre paysa-t-il déclaré. Le P. Peter John, membre de la même commission a ajouté : “Les chrétiens des bidonvilles ont toujours été maltraités par la police. On nous disait que nous n’avions aucun droit et nous refusions de le croire. Mais maintenant, on vient me dire que, chrétien, je n’ai aucun droit au Pakistan et que seuls les musulmans ont des droits

De son côté, le P. Bonnie Mendes, prêtre du diocèse de Faisalabad et secrétaire de la commission “Justice et paix”, a participé avec plusieurs centaines de chrétiens à une manifestation dans la ville de Toba Tek Singh : la foule a envahi le poste de police local et exigé que le décret du gouvernement soit rapporté. L’évêque de Faisalabad, Mgr John Joseph, commente par ailleurs : “Lorsque le Pakistan est né, les leaders religieux musulmans conservateurs se sont opposés à sa formation. Ce sont les chrétiens qui ont voté avec les musulmans libéraux en faveur de la création du Pakistan. Mais, aujourd’hui, sans consulter aucun membre des minorités, ces mêmes leaders religieux ont décidé de transformer la carte d’identité nationale en carte d’identité religieuse

Il semble que le gouvernement pakistanais se soit décidé à publier ce décret afin de désamorcer une tension que les partis religieux musulmans tentent continuellement d’attiser. Reste posé le problème des “Qadiani”, cette secte dont les membres se disent musulmans, mais qui a été déclarée non musulmane. L’une des intentions des partis fondamentalistes, en insistant pour que la religion soit mentionnée sur les cartes d’identité, était aussi d’empêcher les “Qadiani” de profiter des avantages accordés aux musulmans. Ils pourraient être les victimes principales de la nouvelle réglementation.