Eglises d'Asie

Les protestations s’amplifient contre la mention de la religion sur les cartes d’identité

Publié le 18/03/2010




Commencé il y un mois, le mouvement de protestation contre la décision du gouvernement central de rendre obligatoire la mention de la religion sur les cartes d’identité (10) a pour la première fois dégénéré en violences, le 8 novembre 1992, à Faisalabad à 370 kilomètres au sud d’Islamabad. Le ministre des minorités, un catholique, s’était rendu auprès d’un groupe de chrétiens grévistes de la faim menés par l’évêque de Faisalabad lui-même, Mgr John Joseph (11).

Le ministre, Pierre John Sahotra, fut assailli par des protestataires indignés de la mollesse de son attitude à l’égard du gouvernement fédéral. La police tira des coups de feu en l’air pour le dégager. Les grévistes répondirent à coup de briques et de pierres, blessant sérieusement deux officiers de police et un fonctionnaire du gouvernement parmi beaucoup d’autres victimes plus légèrement atteintes. Des véhicules de police furent endommagés.

Tandis qu’un membre de l’assemblée nationale, Johnson Michael, s’interposait, parvenait à obtenir le retrait de la police et à faire asseoir la foule, Mgr Joseph confirma aux manifestants qu’il poursuivrait sa grève de la faim jusqu’à l’annulation de la mesure contestée. Ce n’est qu’au cours de la nuit du 8 novembre qu’il finit par renoncer à la poursuite d’un jeûne qui mettait sa vie en péril, après des heures de discussion et sur les instances des autres leaders du mouvement, de membres de son clergé et de l’épiscopat.

Le Père Bonnie Mendes, secrétaire exécutif de la commission “Justice et paix” des évêques du Pakistan, a déclaré que les médias internationaux n’avaient pas compris le sens des manifestations contre la décision d’inscrire la religion sur les cartes d’identité. Les protestataires se sentent menacés par ce qu’on a appelé un “apartheid religieux” (12).

Commencés dans la ville de Toba Tek Singh, les grèves de la faim et les rassemblements se sont multipliés dans toute la province du Punjab, récemment encore à Daska, Gojra, Khanewal, Sihawal et Sheikhupura. Les ministres religieux et les laïcs, catholiques et protestants, y compris des femmes, ont adressé des discours à la population. Les observateurs ont noté une forte participation des femmes, ce qui est peu courant dans le pays.