Eglises d'Asie

UN ENTRETIEN AVEC MGR ALOYSIUS JIN LUXIAN vice-président de l’Association patriotique et de la Conférence épiscopale évêque “officiel” de Shanghai

Publié le 18/03/2010




Monseigneur, du 15 au 19 octobre 1992, se sont déroulées à Pékin deux réunions, celle des évêques et celle de l’Association patriotique: s’agissait-il de deux réunions différentes, ou n’y en avait-il en fait qu’une seule, à deux volets? Quelle a été l’importance de ces réunions pour l’Eglise de Chine?

Il ne s’agissait en fait que d’une seule réunion, de la Conférence épiscopale et de l’Association patriotique. Les deux organisations se sont retrouvées sous le même chapeau, celui du Congrès des représentants des catholiques chinois. Cette rencontre était importante pour l’Eglise de Chine, mais on ne peut pas dire qu’elle était très importante. Théoriquement, la Conférence épiscopale et l’Association patriotique sont deux réalités différentes. En fait, on admet implicitement que l’Eglise dépendait auparavant beaucoup de l’Association patriotique.

Les textes parlent du “Congrès des représentants des catholiques chinois” et vous venez vous-même de le mentionner. De quoi s’agit-il?

Ce congrès des représentants des catholiques chinois est en fait l’instance suprême pour les catholiques en Chine. Le pouvoir suprême, pour l’Eglise catholique en Chine, se trouve concentré dans ce congrès lorsqu’il est réuni. Il est composé de tous les évêques et d’un assez grand nombre de prêtres et de laïcs. Le mois dernier, nous étions 260 participants, dont une cinquantaine d’évêques (la Conférence épiscopale comprend 68 membres). Les prêtres formaient le groupe le plus nombreux. Quarante jeunes prêtres, c’est-à-dire ordonnés au cours des dix dernières années, étaient présents. Le congrès n’existe que lorsqu’il est réuni. Cette fois-ci, son but était de préparer les statuts de la Conférence épiscopale et de modifier ceux de l’Association patriotique. C’est lui qui élit le comité central de la Conférence épiscopale et de l’Association patriotique, en particulier leurs présidents et leurs vice-présidents. Il ne se réunit, normalement, que tous les cinq ans. Entre deux réunions du Congrès, c’est le comité central qui est responsable.

Quels changements ont été apportés dans l’organisation et dans le rôle de l’Association patriotique?

L’Association patriotique veut servir de pont entre l’Eglise catholique et le gouvernement. Son rôle a considérablement changé: désormais, c’est l’épiscopat chinois lui-même qui dirige les affaires de l’Eglise catholique. En fait ce changement est un aveu implicite : le gouvernement avoue implicitement que le Collège épiscopal et l’Association patriotique n’étaient pas jusqu’alors séparées, et que les évêques ne dirigeaient pas vraiment les affaires de l’Eglise. Celle-ci se trouvait placée de fait sous l’autorité de l’Association patriotique.

Comment est-on parvenu à cette décision?

Vous-mêmes, à “Eglises d’Asie”, avez publié le “Document n°3” (2) du Conseil d’Etat. Ce texte, qui avait été préparé avant les événements de la place Tiananmen (en avril-mai 1989), était secret, mais des fuites ont eu lieu et il est parvenu à l’extérieur du pays (celui qui l’a sorti de Chine ne pourra d’ailleurs plus recommencer, car on lui refuse désormais le visa d’entrée, précisément pour avoir emporté hors de Chine et fait publier un document secret). La séparation de la Conférence épiscopale et de l’Association patriotique a été décidée en application de ce document. Maintenant, c’est la Conférence épiscopale qui dirige les affaires de l’Eglise catholique en Chine, ce n’est plus l’Association patriotique.

La Constitution de l’Association patriotique dit, à l’article 2, que son but est “d’unir le clergé et les fidèles sous la conduite du parti communiste chinois et du gouvernement populaire”. N’est-ce pas étrange?

Cela, on le dit toujours. Pour toute association en Chine, on doit le dire. C’est une formalité. Il faut lire cette constitution en la replaçant dans le contexte de l’Eglise en Chine. Dans notre pays, on se réfère toujours au gouvernement central. Même la nomination du Dalaï Lama, au Tibet, dépendait autrefois de l’empereur. En Occident, vous insistez sur l’individu. Les droits de l’homme, par exemple, sont une affaire concernant les individus. En Chine, nous insistons sur la solidarité, la société, la patrie. Pous vous, c’est l’individu qui est important; pour nous, c’est la collectivité qui vient en premier lieu. La famille est plus importante que l’individu. Dans la mentalité de la vieille génération, l’individu est moins important que la famille, que la nation. Et l’empereur domine la scène. Nous sommes en fait très féodaux et confucéens.

Peut-on dire, alors, que le communisme est d’une certaine manière plaqué sur une culture qui resurgit continuellement à travers les structures actuelles?

Oui. Nous ne sommes pas préparés pour une démocratie à l’occidentale.

Pour quelle démocratie êtes-vous préparés?

Pour nous, la démocratie importe moins. Nous pensons toujours “empereur”. Autrefois l’empereur représentait le ciel. C’est lui qui avait toujours le dernier mot. Mao était l’empereur. Il représentait le ciel. Sun Yat Sen n’a pas réussi parce qu’il n’a pas voulu être “empereur”. Il était trop faible. Pendant la révolution culturelle, Mao était plus que l’empereur. Il était plus que le soleil, plus que le ciel.

D’autres changements ont-ils été apportés à l’organisation de la Conférence épiscopale? On note, par exemple, que son nom, au moins en anglais, a été changé: on ne parle plus de “collège” épiscopal, mais de “Conférence” épiscopale. Faut-il voir dans ce changement une intention déterminée?

Non. En fait on utilise toujours le même terme chinois. Un changement important, on peut même dire un grand pas en avant, a été fait grâce à l’élimination des évêques mariés des postes de responsabilité. Autrefois, plusieurs d’entre eux étaient à des postes de responsabilité dans l’Association patriotique ou la Conférence épiscopale: on leur a demandé de se retirer de ces postes. Ils ne sont plus désormais que consultants et n’exercent plus aucun pouvoir sur la Conférence épiscopale. C’est un pas en avant. Désormais, aucun prêtre marié ne pourra être choisi comme évêque.

Des prêtres mariés exercent-ils encore leur ministère?

Pas dans notre diocèse. Mais ailleurs il y en a. En Mongolie, par exemple, 80% des prêtres sont mariés. Il est vrai que leur évêque (il fut nommé autrefois par le pape Pie XII) lui-même l’est : arguant de saint Paul disant qu’un évêque doit être l’homme d’une seule femme, il a décidé que, comme évêque il devait avoir une femme.

Les textes émanant de la réunion mentionnent de nouveau, en termes explicites, la triple-autonomie : faut-il y voir une insistance nouvelle?

Non. Il fallait le faire. Cette affaire des trois autonomies n’a en fait qu’une importance très relative. Personnellement, je suis favorable à la triple-autonomie. Mais nous prions pour le pape. Chaque jour, tous les prêtres de Shanghai prient pour le pape. Comme je vous l’avais dit lors de notre rencontre précédente, tout est normal ici, sauf votre serviteur. Nous sommes très traditionnels dans notre manière de penser et d’enseigner. Les professeurs qui viennent de l’extérieur sont eux aussi très traditionnels. En théologie, je le suis moi-même. Je veux une Eglise vraiment traditionnelle et catholique. Mais nous tenons à ce que notre théologie soit celle de Vatican II. Et je fais tous mes efforts pour appliquer les décisions du Concile. En ce moment, avec l’aide du P. Lau de Hongkong, je prépare un missel en chinois.

Précisément, la Conférence a-t-elle décidé quelque chose en matière de liturgie?

Des changements ont été apportés dans la vie liturgique de l’Eglise catholique, en ce sens que l’on encourage désormais l’adoption de la liturgie en chinois et selon le rite de Vatican II.

Et ce renouveau affectera-t-il toute la Chine?

La plupart des diocèses commencent à adopter la liturgie du concile. Bientôt tous célébreront en chinois et selon le rite de Vatican II. A Shanghai, nous le faisons chaque week-end. Il y a déjà quelque temps que nous avons adopté la réforme liturgique et le P. Thomas Lau nous aide beaucoup en ce domaine (3).

La Conférence épiscopale “officielle” est-elle en relation avec l’autre Conférence épiscopale, celle qui est “clandestine”?

Non. Les évêques de l’autre Conférence épiscopale n’ont pas été invités, ni contactés. Mais vous savez qu’un évêque, anciennement clandestin, vient d’être accepté par le gouvernement comme évêque de Shanyuan. Mgr Antoine Li Duan, de Xian, a “re-consacré” (selon le terme utilisé dans les rapports) cet évêque. Cette expression “re-consacré” ne me plaît d’ailleurs qu’à moitié. Je préfère dire “installé”. En fait, cet évêque a été consacré de nouveau sous condition. Vous savez, feu Mgr Fan Xueyan, de Baoding, était contraint de consacrer les évêques en cachette et à la hâte. Il le faisait parfois au milieu d’une foule de gens qui s’occupaient d’autre chose, par une simple imposition des mains : ce n’était pas très sérieux. C’est pourquoi il est nécessaire de procéder de nouveau à une consécration, sous conditions bien sûr.

Nous assistons depuis quelque temps à une ouverture de la Chine sur le plan économique. En même temps, se produit un certain dégel avec Taiwan : peut-on espérer voir se normaliser les relations de la Chine avec Rome?

Personnellement, je suis optimiste. La Chine a normalisé ses relations avec la Corée du Sud, avec Israël. Des pourparlers sont en cours en vue d’une normalisation avec l’Afrique du Sud. En fait les relations du Vatican avec Taiwan ne sont pas tellement importantes et le Vatican, je crois, est prêt à les rompre. Il est en fait le seul Etat européen qui ait gardé des relations diplomatiques avec Taiwan.

Souhaitez-vous qu’une réconciliation avec Rome d’une part, avec l’Eglise “clandestine” d’autre part, ait lieu?

Certainement. Nous sommes une seule Eglise. L’Eglise clandestine nous considère comme des traîtres. Mais nous n’avons pas perdu la foi et nous n’avons pas renoncé à la primauté de Pape. Nous voulons travailler ouvertement, en évitant toute confrontation avec le gouvernement. Mais en Chine, rien ne reste jamais secret. Voyez par exemple l’histoire de l’auxiliaire du cardinal Gong, Mgr Joseph Fan Zhonglian : il est parti, l’année dernière, sans avertir qui que ce soit, pas même la nièce chez qui il habitait. Et pourtant, la police l’attendait à son arrivée à Wenzhou (4). On ne peut rien faire en secret. La police sait tout. Pour ma part, je tire la leçon de mon propre emprisonnement. Car j’ai passé 18 ans en prison et 9 en résidence surveillée. Auparavant, je faisait des choses en secret. Plus maintenant. Je ne confie jamais de documents à qui que ce soit pour les transmettre clandestinement à l’extérieur. Je ne fais pas ce genre de bêtises. Le gouvernement sait à quoi s’en tenir à mon sujet : il me laisse davantage de liberté.

Parallèlement à l’évolution économique, est-on en droit d’espérer une plus grande liberté religieuse ? Certains prétendent en effet que cette ouverture s’accompagne d’un resserrement sur le plan religieux et que les croyants – et pas seulement les catholiques – sont l’objet d’une surveillance accrue. Qu’en est-il exactement?

Le gouvernement surveille toujours : pas seulement les religions, mais aussi les partis démocratiques, par exemple. Et il ne faut pas croire que les communistes ne sont pas surveillés aussi. Les membres du gouvernement se surveillent eux-mêmes entre eux. Cela n’est d’ailleurs pas spécial à la Chine, les Etats-Unis ont bien leur CIA. Nous connaissons nous aussi ce genre de surveillance. On peut dire, cependant, que les partis démocratiques, ainsi que les religions, jouissent d’une liberté plus grande. En fait, pour être libre, il faut savoir être fort. En Chine, beaucoup d’évêques catholiques sont trop faibles, malheureusement. Il faut demander. Il ne faut pas affronter mais persuader. On dit que Mgr Jin Luxian a plus de liberté que d’autres. En fait, j’insiste, je demande, je persuade, je parlemente. Alors on me laisse davantage de liberté. Il ne faut pas rester passif. Si l’on reste passif, les gens du gouvernement ne prendront jamais l’initiative de nous donner quoi que ce soit. Il ne faut pas lutter, mais insister. Il ne faut pas faire perdre la face aux gens. Ce que je fais, les autres peuvent aussi le faire.

Vous avez été élu vice-président de la Conférence épiscopale et de l’Association patriotique. Comment concevez-vous votre rôle?

La voix populaire demandait que je sois président. Personnellement je ne le voulais pas, car cela m’aurait obligé à quitter Shanghai. A Pékin, je n’aurais rien pu faire et j’aurais dû encore amener avec moi trois ou quatre personnes. Je considère qu’en administrant bien le diocèse de Shanghai, je contribue de manière importante au bien de l’Eglise universelle.

Vous avez aussi été élu président de la Commission épiscopale pour les séminaires…

En effet. Nous avons en Chine treize séminaires. Je veux commencer par les visiter. Et puis, de tous côtés, les évêques me demandent de l’aide. Je veux voir la situation par moi-même. A part notre séminaire de Sheshan, nulle part il n’y a de bibliothèque : je veux distribuer des livres dans tous les séminaires. Les professeurs manquent : je veux envoyer des séminaristes étudier à l’étranger. Qu’ils reviennent avec une formation de professeurs. Ils pourront alors circuler de séminaire en séminaire et donner leurs cours. Ici, déjà, nous avons une dame qui a été formée en Amérique. Elle enseigne la christologie. Elle a passé plusieurs mois à Pékin et à Wuhan. J’espère avoir la possibilité d’aider les autres séminaires de Chine à surmonter leurs difficultés, en leur faisant distribuer des livres en particulier.

Connaissez-vous des problèmes de recrutement?

A Shanghai, oui. Comment expliquer cela? A Shanghai, on pratique depuis longtemps la politique “une famille, un enfant”. Pour les Chinois, la tâche la plus sacrée consiste à s’assurer une descendance. Une autre raison, c’est que les Chinois deviennent de plus en plus riches et pensent de plus en plus à l’argent. A la campagne, ils cessent très tôt d’étudier vers la fin de l’école primaire. Or je ne prends que des jeunes qui ont fini l’école secondaire. En ville, les écoles sont mixtes et les jeunes, dès l’âge de 14 ou 15 ans, se mettent à écrire des lettres d’amour : comment pourront-ils observer le célibat? A Shanghai, nous insistons beaucoup sur le célibat.

Au séminaire de Sheshan, nous avons 145 séminaristes. De Shanghai même, nous n’en avons que 7. J’ai demandé aux évêques du nord de permettre à certains de leur séminaristes de venir ici. 25 jeunes sont maintenant incardinés au diocèse de Shanghai. Près de Sheshan, nous avons un probatorium (petit séminaire) : les élèves y entrent après leurs six ans d’école primaire et y passent trois ans. Ils sont maintenant plus de 50. Mais là encore, ils ne sont que 7 originaires de Shanghai. Ce problème des vocations est mon grand souci.

Pour les religieuses, c’est la même chose. Dix ont fait récemment leurs premiers voeux. Nous avons une vingtaine de novices et une vingtaine de postulantes. Mais la moitié d’entre elles viennent du nord. Dans les diocèses du nord de la Chine, il y a beaucoup de vocations, mais pas d’argent. Ici, nous ne manquons pas d’argent, mais nous avons peu de vocations.

Comment est administré le séminaire de Sheshan? Il y a quelques semaines, le responsable du Bureau des Affaires religieuses de Shanghai a fait remarquer que la formation politique n’y était pas aussi sérieuse que les autorités le souhaiteraient (5). Peut-on voir une ingérence du gouvernement dans les affaires du séminaire?

Non. L’administration du séminaire se fait de la manière suivante. Nous avons un conseil d’administration composé de 16 membres. Comme nous recevons des séminaristes de six provinces de la Chine de l’est, chacune de ces provinces est représentée par deux membres: un évêque et un laïc (membre, bien sûr, de l’Association patriotique). Shanghai est représenté par quatre personnes. Je suis actuellement le président de ce conseil d’administration. Nous nous réunissons une fois par an. Je suis aussi le recteur du séminaire. C’est moi qui suis responsable et qui prends les décisions. A l’intérieur du séminaire, deux prêtres aînés sont, l’un vice-recteur (il me remplace de manière habituelle) et l’autre chancelier. Cinq prêtres plus jeunes sont responsables chacun de l’une des cinq classes. Ces sept prêtres forment le conseil du séminaire. Ils se réunissent chaque semaine. En général, je n’assiste pas aux réunions. C’est en cela que consiste le gouvernement du séminaire de Shanghai.

En effet, le jour où nous célébrions le dixième anniversaire du séminaire, le chef du Bureau des Affaires religieuses a dit qu’il fallait donner davantage de place à l’enseignement politique. Il est vrai que notre séminaire donne moins de place que d’autres à cet enseignement.

Qu’avez-vous fait?

J’ai accepté la suggestion, dit qu’elle était très utile et que je verrais avec le conseil comment nous allions en tenir compte. En fait, c’est moi qui décide. Voyez-vous, il ne faut pas faire perdre la face aux gens. Il ne faut pas se fâcher : si on se fâche, on fait montre de faiblesse.

Vous m’avez dit que votre souci primordial, ce sont les vocations…

Oui. Et aussi celui de me trouver un successeur. Ce n’est pas facile. Parmi les jeunes, certains sont trop impatients ou trop audacieux. Ils vont trop vite. D’autres, au contraire, sont trop peureux. Alors, je cherche…

Peut-on deviner quel est le souci primordial des prêtres?

On peut dire que leur premier souci est la formation des jeunes, en particulier des jeunes garçons. Quand, après 18 ans de prison et 9 ans de résidence surveillée, j’ai recouvré ma liberté, nous n’avions que quatre églises ouvertes à Shanghai. Et il ne restait plus que des prêtres âgés. Nous insistons désormais sur la catéchèse des enfants. Dans la partie rurale du diocèse, le tiers des catholiques pratiquants sont des jeunes. Nous nous soucions beaucoup de leur formation. Les vieux catholiques sont solides dans leur foi. Mais ces jeunes sont tous passés par des écoles athées. De plus, ils deviennent à l’aise sur le plan financier. Ils ne pensent plus qu’à aller au Karaoké. Nous traversons en ce moment une véritable crise. Nous nous efforçons de faire en sorte que la jeune génération ne nous échappe pas.

De certaines régions parviennent à l’extérieur de la Chine de nombreuses demandes d’argent. Quelle place les problèmes d’ordre matériel tiennent-ils dans la vie des prêtres en Chine?

En beaucoup d’endroits, les églises sont délabrées. Il faut les réparer, les rebâtir. En certaines paroisses, les prêtres obtiennent de l’aide du gouvernement ; mais celle-ci est bien souvent insuffisante.

Shanghai est mieux pourvu. Je ne demande pas un sou au gouvernement. Dans notre séminaire, 80 jeunes ne paient absolument rien, car leurs évêques ne peuvent pas payer pour eux. Mais j’ai beaucoup d’amis à l’intérieur comme à l’extérieur de la Chine. Je n’ai même plus besoin de demander de l’aide : mes amis m’en envoient sponténément. J’ai de nombreux amis étrangers : des cardinaux, des évêques et beaucoup de parents qui vivent à l’extérieur de la Chine. Je suis béni spécialement par le Bon Dieu.

Les autres évêques n’ont pas forcément ces moyens. Si les prêtres de Chine demandent de l’aide, il faut essayer de la leur donner. Souvent ils n’ont pas de quoi vivre. Certains diocèses sont très pauvres. A Shanghai, on nous a rendu 70% des propriétés laissées autrefois par les instituts missionnaires : cela aussi nous rend service financièrement.

Au début de notre entretien, vous m’avez dit que vous avez en ce moment une retraite pour toutes les religieuses du diocèse…

En effet. Nous avons regroupé dans une seule maison toutes les religieuses des différentes congrégations autrefois installées à Shanghai. Elles habitent ensemble, prient ensemble et mènent ensemble la vie de communauté, toutes congrégations mélangées. Mais leur situation n’est pas très brillante. Toutes sont très âgées, malades. Le diocèse essaie de subvenir à leurs besoins.