Eglises d'Asie

Le marasme de l’agriculture chinoise inquiète le gouvernement

Publié le 18/03/2010




Le Parti communiste considère très sérieusement l’éventualité d’une agitation sociale dangereuse pour le régime dans les campagnes chinoises. Le “Quotidien du peuple” et le “Quotidien de la Chine” ont récemment publié plusieurs articles à ce sujet.

La préoccupation principale du gouvernement est l’absence de liquidités pour payer aux paysans leur production de grain. L’Etat a en effet l’habitude d’acheter une grande partie de celle-ci à un taux fixe pour la revendre au même prix. Cette méthode exige d’énormes subventions gouvernementales pour garder le prix du grain à un taux artificiellement bas. A la fin du mois d’octobre 1992, selon le “Quotidien de la Chine” du 8 décembre, les agents de l’Etat chargés de l’achat du grain n’avaient que 17% de la somme requise pour payer la production de la moisson d’automne. L’Etat a donc remis des reconnaissances de dette à la plupart des paysans.

Le problème est aggravé par d’autres facteurs. Le ministère du commerce, qui achète le grain au nom de l’Etat, est souvent obligé d’acheter du grain de basse qualité qu’il n’arrive pas ensuite à vendre. Le ministère des Finances doit déjà l’équivalent de 8 milliards de dollars américains aux coopératives agricoles qui traitent environ un quart de la production totale de grain du pays. De leur côté les agences locales de la Banque agricole de Chine, qui est l’organisme de crédit rural le plus important du pays, inclinent de moins en moins à investir dans la production de grain et préfèrent financer des entreprises plus lucratives.

A l’arrière-plan de ces questions, c’est tout le problème de l’agriculture chinoise que l’on trouve. Pendant plusieurs années, les paysans ont été les principaux bénéficiaires des réformes lancées par Deng Xiaoping, qui leur ont permis de cultiver les terres à leur profit. De 1978 à 1985, le revenu moyen des paysans a augmenté de 15,1% par an. Mais dès 1988, il n’augmentait plus que de 6,3%; en 1989, la croissance se réduisait à 1,6% et en 1990 à 1,8% (1). Pendant la même période c’est la croissance du secteur industriel qui a été très rapide. Un certain nombre de paysans ont dû quitter la terre et se tourner vers d’autres activités. Le “Quotidien du peuple” du 9 décembre 1992 estime que si l’on ne veille pas à assurer une certaine stabilité de la population rurale, les réformes économiques pourraient échouer.

Par ailleurs, plusieurs articles de journaux chinois rapportent qu’au niveau des districts et des provinces, les autorités prennent l’habitude de taxer lourdement, et de façon arbitraire, les paysans. Selon le “Quotidien du peuple” du 19 novembre 1992, une paysanne de la province du Hunan s’est suicidée en mai 1992 après qu’un cadre local eut essayé de lui prendre sa télévision et sa bicyclette parce qu’elle n’avait pas pu payer l’équivalent de 60 dollars américains, montant d’“une taxe sur le planning familial et l’éducationL’article du “Quotidien du peuple” note que “si le problème des taxes imposées aux paysans n’est pas réglé et si leurs droits ne sont pas respectés, les relations entre la population rurale et le Parti se détérioreront

La Chine compte une population rurale d’environ 900 millions de personnes.