Eglises d'Asie

Shanghai : une enquête montre que, dans les villages, la foi chrétienne a été sauvegardée par les familles

Publié le 18/03/2010




Selon des études menées près de Shanghai dans des villages à forte proportion de catholiques, depuis 1949 les familles ont davantage préservé leur foi qu’elles ne l’ont propagée à l’extérieur. C’est l’une des conclusions de l’enquête effectuée par Luo Weihong et Xu Hongbao, de l’institut de recherches religieuses de Shanghai, auprès des paysans catholiques de vieille souche de la région de Songjiang.

Le nombre des catholiques de la région : 28 000 en 1981, a très légèrement augmenté depuis 1950 (plus 0,2 pour cent). D’après les deux chercheurs, c’est un effet de l’accroissement naturel des familles catholiques, à l’intérieur desquelles la foi s’est perpétuée, principalement par les baptêmes d’enfants et par les mariages. Luo et Xu n’ont pas observé chez les catholiques un prosélytisme comparable à celui des protestants. Non pas, pensent-ils, par manque de conviction, mais parce que les paysans de ces villages sont très peu instruits et n’ont pas une grande intelligence de leur foi.

On compte un petit nombre de défections chez les catholiques devenus soldats ou fonctionnaires. A Zhangpu, treize ont abandonné la religion depuis qu’ils sont entrés au Parti communiste et, plus de la moitié des catholiques jeunes ou d’âge moyen ne participent pas aux activités religieuses. Luo attribue cette chute de la pratique à l’absence de formation chrétienne pendant les campagnes idéologiques menées jusqu’à la fin des années 70, quand les églises étaient fermées et que toute activité religieuse publique avait disparu. Aujourd’hui, ajoute l’enquêteur, la pratique religieuse ne marque pas non plus la vie quotidienne de ces paysans, absorbés par les impératifs de la production et le souci du riz quotidien de leur famille.

De son côté, Xu a noté chez les jeunes un certain enthousiasme pour faire les lectures de la Bible et chanter aux offices quand l’église du village fut rouverte en 1981 (ce fut l’époque où l’assistance aux messes de la basilique de Sheshan, près de Shanghai, comptait vingt pour cent de jeunes). Cependant, dès 1988, cet enthousiasme avait baissé. Les jeunes n’ont plus envie de se lever deux heures plus tôt pour assister à la messe. Ils ne pensent pas que la Bible puisse satisfaire leurs besoins.

Luo décrit aussi une attitude selon lui caractéristique, en particulier chez les catholiques sans instruction : la crainte de ne pas aller au ciel s’ils fréquentent une église dirigée par l’Association patriotique des catholiques approuvée par le gouvernement, une préférence marquée pour faire ses dévotions chez soi, une allégeance très forte au pape. Les catholiques qui éprouvent ces sentiments, note Luo, se montrent très critiques pour leurs coréligionnaires qui ont rejoint l’Eglise officielle et ne croient pas que le gouvernement soit devenu plus tolérant vis-à-vis des religions.