Eglises d'Asie – Chine
Mgr Ding Guangxun, chef de l’Eglise protestante officielle, exclu du Congrès national du peuple
Publié le 18/03/2010
Organe législatif suprême de l’Etat, renouvelé tous les cinq ans, le Congrès national du peuple n’est guère qu’une façade, puisque le pouvoir effectif est entre les mains du Parti communiste chinois, mais il a pris un peu plus de relief depuis qu’il peut édicter des lois touchant à la vie économique et sociale. Mgr Ding était membre du Congrès national depuis 1964 et appartenait à la fois à son comité permanent et à sa commission des affaires étrangères depuis 1983.
Qu’une personnalité de sa stature et de son expérience soit exclue du Congrès, à l’âge relativement peu élevé de 77 ans, est tout-à-fait inhabituel. L’éviction de Mgr Ding est un signe évident de sa disgrâce, due à ses critiques ouvertes de la politique religieuse du Parti. Au printemps de 1988, il prôna devant le comité permanent du Congrès “une séparation entre politique et religionEn septembre 1990, il tint le même langage, pour tenter de parer à des mesures antireligieuses prises après le massacre de Tiananmen. En juillet 1992, il a poussé l’audace jusqu’à demander que cesse “le vent de répression” qui soufflait sur les réunions privées des protestants (1). De telles critiques n’étaient pas faites pour lui gagner la faveur des chefs du Parti communiste chinois, non plus que sa sympathie affichée, au printemps de 1989, pour le mouvement démocratique étudiant.
Il est également possible que Mgr Ding ait été écarté du Congrès national pour une raison plus générale, à cause de la méfiance grandissante dont le christianisme est l’objet après les manifestations de la place Tienanmen et, à la même époque, la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est dans laquelle les Eglises chrétiennes jouèrent un rôle marquant. Après l’exclusion de Mgr Ding, le Congrès national ne compte plus aucun représentant d’une des cinq organisations religieuses officiellement reconnues par le gouvernement.
Mgr Ding Guangxun conservera son siège à la Conférence consultative politique du peuple chinois, mais on ignore s’il sera autorisé à en garder la vice-présidence, qu’il exerce depuis 1989. Dans la liste de délégués à la huitième Conférence qui vient d’être publiée figurent les noms de huit autres membres du Mouvement patriotique des trois autonomies et du Conseil chrétien de Chine, ce qui maintient à peu près le petit nombre de leurs représentants.