Eglises d'Asie

Une éventuelle dénationalisation des écoles chrétiennes laisse les enseignants perplexes

Publié le 18/03/2010




Des enseignants chrétiens et musulmans de l’école du Sacré-Coeur à Multan (Pendjab pakistanais) ont écrit au président M. Ghulam Ishaq Khan pour lui demander de ne pas dénationaliser leur établissement.

Deux institutrices catholiques ont cependant précisé: “Nous ne sommes pas vraiment opposées au changement, pas même à la dénationalisation. Si cela doit tourner à l’avantage de notre communauté chrétienne, nous ne sommes pas contre”.

Selon le secrétaire de la commission “Justice et paix” des supérieurs majeurs, Peter Jacob, “le gouvernement se dirige clairement vers une politique de privatisation. A la mi-janvier de cette année, trois écoles de Lahore, affiliées au parti militant islamique “Jammait-i-Islami”, ont été dénationalisées. Nous espérons que dans un avenir plus ou moins proche, le gouvernement dénationalisera aussi les écoles chrétiennes

Cela s’est fait au temps du général Zia ul-Haq (1977-88) dans la province du Sindh. Mais pas encore au Pendjab. Le président du syndicat des enseignants des écoles nationalisées, M. Mohamed Hameed, a demandé au président de surseoir à la dénationalisation, dans l’intérêt, selon lui, des instituteurs et des établissements (12).

Soeur Alvina Barkat, directrice de l’école Sainte-Marie à Multan, regrette quant à elle: “C’est dommage que nos propres enseignants chrétiens s’opposent à la dénationalisationSon école et celle du Sacré-Coeur appartenaient autrefois à la congrégation des Soeurs dominicaines. Elles avaient été nationalisées par Zulfikar Ali Bhutto en 1972. A l’époque, la majorité des élèves étaient catholiques. Ces derniers ne sont plus que 10% des étudiants de l’école du Sacré-Coeur, dont la directrice est désormais une musulmane.

Du côté catholique, on affirme que depuis les nationalisations le niveau des études a baissé et que les institutions ont perdu leur personnalité propre. Selon M. Ambroz Gill, responsable de Caritas-Multan, “l’enseignement n’est plus sérieux, la discipline a disparu. Les professeurs ne font plus leur travail”. Il ajoute: “Certains, qui sont en poste à proximité de chez eux, risquent, en cas de dénationalisation, d’être mutés dans des endroits éloignés. Ce qui explique en partie leur opposition aux privatisations”. Et il conclut: “Si nous voulons travailler pour l’avenir de notre pays et assurer à nos enfants une bonne éducation, nous devons réclamer nos écoles, et insister”.