Eglises d'Asie

L’organe de l’Eglise protestante « officielle » condamne vigoureusement la pratique des cartes d’identité spéciales pour les chrétiens

Publié le 18/03/2010




L’éditorial de la revue Tian Feng, organe de l’Eglise protestante « officielle », dans son numéro d’avril 1993, condamne vigoureusement la pratique instituée par certains bureaux régionaux des Affaires religieuses d’obliger les chrétiens à posséder une carte d’identité religieuse (8).

Dans certains districts, explique l’éditorial, les chrétiens ont été obligés d’acheter des cartes d’identité religieuse sous peine de se voir accusés d’être « des croyants illégaux ». Quand le Mouvement des trois autonomies, équivalent protestant de l’Association patriotique des catholiques, a demandé une enquête à ce sujet au Conseil d’Etat, les autorités locales concernées ont changé l’appellation des cartes incriminées qui sont devenues des « engagements patriotiques des croyants ». La fonction des cartes est cependant restée la même.

L’auteur de l’éditorial de Tian Feng décrit cette politique comme une « méthode de contrôle absurde et insensée ». Il rappelle qu’en Chine politique et religion sont censées être séparées mais qu’il apparaît aujourd’hui que « l’Etat veut lui-même gérer les affaires religieuses ». Si la religion et la politique sont séparées, demande-t-il, comment le gouvernement peut-il admettre cela ?

Un autre argument mis en avant par l’éditorial est que, selon la constitution chinoise, la religion d’un citoyen est affaire privée et n’est pas du ressort de l’Etat. Il n’y a donc aucune raison pour que la religion d’un citoyen soit approuvée ou désapprouvée par le moyen d’une carte d’identité spéciale. La question, poursuit l’article, est totalement différente de celle des organisations religieuses qui, en tant que telles, doivent être officiellement enregistrées, ce qui est normal et pratique courante dans beaucoup de pays.

L’une des raisons données par les autorités incriminées en faveur d’une carte d’identité religieuse est qu’elle facilite la gestion des affaires religieuses. Tian Feng rejette cet argument car il en résulte que « les croyants sont traités comme de dangereux éléments placés sous surveillance ». « Il y a aujourd’hui encore des cadres du gouvernement, accuse Tian Feng, qui considèrent les croyants comme des éléments dangereux dont il faut se méfier partout et toujours; ces gens croient que les croyants sont toujours prêts à enfreindre la loi et commettre un crime sous n’importe quel prétexte; il faut donc les contrôler et les garder sous surveillance grâce à ces cartes d’identité spéciales ».

Un autre document critiqué par Tian Feng est le « certificat du croyant catholique ou protestant », qui, dans certaines régions, va jusqu’à préciser quel lieu de culte le croyant peut ou ne peut pas fréquenter.

Cet éditorial de Tian Feng confirme, après certains autres événements tels que la disgrâce de Mgr Ding Guangxun, que les relations de l’Eglise protestante « officielle » avec le gouvernement et le Parti ne sont plus au beau fixe (9).