Eglises d'Asie – Chine
Shaanxi : une centaine de chrétiens arrêtés pour tenter d’étouffer l’information sur la mort d’un chrétien à la suite de brutalités policières
Publié le 18/03/2010
Selon le rapport, confirmé par différentes sources, le 27 mars 1993 avait lieu à Taoyuan une réunion de chrétiens en présence de trois prêcheurs venus de la ville voisine de Ankang. Une dizaine de membres de la Sécurité ont interrompu la réunion et, sans donner d’explications, ont commencé à battre violemment les participants à l’aide de matraques et de cannes de bambou. Ils ont aussi passé les menottes aux trois prêcheurs de Ankang, puis les ont déshabillés jusqu’à la ceinture et sauvagement frappés. Les 26 autres participants de la réunion ont été forcés de donner chacun cent coups de canne aux trois hommes : en cas de refus, ils étaient battus à leur tour par les policiers. Les trois hommes, déjà couverts de sang et souffrant de blessures ouvertes sur tout le corps ont alors été suspendus par les bras et battus à nouveau jusqu’à évanouissement.
Dans le même temps, deux femmes de l’assemblée ont été entièrement déshabillées et cruellement frappées sur les parties sexuelles puis suspendues elles aussi par les bras contre un mur.
Le lendemain à l’aube, les cinq personnes furent emmenées par les membres de la Sécurité au poste de police du comté qui refusa de les recevoir parce que leurs blessures étaient trop graves et les renvoya à la police du district. Celle-ci les plaça en détention pendant huit jours. Le plus sévèrement touché était un jeune homme du nom de Lai Manming. Une jeune médecin âgée d’une vingtaine d’années fut amenée pour le soigner mais elle ne put que panser les blessures externes. Se rendant compte qu’il était mourant, les policiers ont alors forcé Lai Manming à quitter le poste de police : sa famille l’a trouvé mort alors qu’il essayait de ramper vers sa maison. Les quatre autres personnes ont aussi été renvoyées chez elles.
Selon les dernières nouvelles en provenance de la région, qui datent de la fin du mois d’avril 1993, la police mène une vaste opération visant à empêcher que l’information sur cet incident soit diffusée à l’étranger. Une centaine de personnes de la région de Angkang ont déjà été arrêtées. Les chrétiens de cette ville se plaignent depuis plusieurs mois d’être persécutés par les autorités locales. La ville d’Angkang compte environ dix-mille chrétiens appartenant pour la plupart à des Eglises dites « domestiques » non reconnues par le gouvernement. Une lettre de l’un d’entre eux, datée de juillet 1992, disait déjà: « Le contrôle gouvernemental sur nous se fait de plus en plus pesant. Ils nous arrêtent et disent que nous sommes une organisation illégale
Cet incident va sans doute augmenter encore la tension qui existe depuis plusieurs mois entre le gouvernement et l’Eglise protestante « officielle » de Chine (1). Celle-ci s’est en effet montrée récemment plutôt critique de la répression policière contre les Eglises « domestiques » qui n’appartiennent pas au Mouvement des trois autonomies.