Eglises d'Asie

Mort de Mgr Paul Liu Shuhe, évêque « clandestin » de Yixian, quelques mois après son évasion de la « maison de repos » où il était détenu

Publié le 18/03/2010




Mgr Paul Liu Shuhe, évêque auxiliaire de Yixian, province du Hebei, est mort le dimanche 2 mai 1993 dans une localité des environs de Pékin dont le nom n’a pas été communiqué. Les causes immédiates de son décès ne sont pas encore connues.

On sait que Mgr Liu souffrait depuis des années d’une grave maladie du foie et que les soins adéquats lui ont manqué. En 1992, peu après Pâques, il s’était enfui de la « maison de repos », dans laquelle il était en réalité détenu. Son espoir d’un meilleur traitement qui lui aurait permis de reprendre son apostolat fut déçu, car il dut rester caché, sans accès possible aux soins spécifiques que son état réclamait.

Né probablement en 1919, dans un village de l’actuel diocèse de Yixian à l’ouest de Pékin, Paul Liu a été ordonné prêtre vers 1943. Arrêté en 1958 et condamné à vingt ans de prison pour « crimes contre-révolutionnairesil ne fut libéré qu’en 1980. Le 18 mai 1982, Mgr Zhou Shanfu (lui-même ordonné par Mgr Joseph Fan Xueyan) l’ordonna évêque en secret. Profitant de la relative liberté de mouvement de l’époque, Mgr Liu mena un ministère très actif auprès des communautés chrétiennes qui pouvaient enfin, après trente ans de catacombes, manifester leur foi au grand jour. Il s’est surtout préoccupé d’enraciner en profondeur la foi des nouvelles générations en les engageant dans la vie de l’Eglise. Il a réuni et suivi de petits groupes de séminaristes clandestins. Grâce à une machine à écrire et à une ronéo achetées d’occasion, il diffusait des opuscules de prières, de réflexions, pour apaiser la faim de formation chrétienne des communautés et des séminaristes.

En octobre 1988, il fut arrêté à Pékin et condamné à trois ans de « rééducation par le travailmais relâché dès le 16 janvier 1989 et assigné à domicile. Le 21 novembre de la même année, la conférence épiscopale chinoise (clandestine) à laquelle il n’avait pas pu participer le choisit comme secrétaire général. Faute de pouvoir se déplacer librement, il recevait de très nombreuses visites. Jusqu’à la nuit du 13 au 14 décembre 1990, où il fut emmené comme le furent au même moment vingt évêques, des prêtres et des fidèles dont aucun ne fut déféré devant un tribunal. Les uns et les autres ont disparu, leur famille elle-même perdant tout contact avec eux. Officiellement, ils sont « en détention administrative ». Aux demandes répétées d’informations d’organisations internationales les autorités chinoises répondent que ces ecclésiastiques « sont placés dans des maisons de repos, où ils reçoivent l’assistance nécessaire

Jusqu’à présent quatre de ces personnes seulement ont quitté ces « maisons de reposOutre Mgr Paul Liu qui s’en est enfui, en sont sorties les dépouilles de trois évêques âgés, Paul Shi Chunjie, Joseph Fan Xueyan et Etienne Liu Difen, morts pour des causes qui restent inconnues.