Eglises d'Asie

Les chrétiens ne veulent plus d’un régime électoral séparé et menacent de boycotter les élections à venir

Publié le 18/03/2010




Dans un communiqué publié le 11 juin 1993 par le comité directeur de la Conférence des supérieurs religieux majeurs du Pakistan, menace est faite de boycotter toutes élections qui se tiendraient sous le régime électoral actuel: “Le comité considère comme discriminatoire le système qui consiste à avoir un électorat séparé. Il peut devenir une cause de division à l’intérieur de la communauté chrétienne et fait de tous les membres des minorités des citoyens de seconde classe”.

La publication de ce communiqué fait suite à une réunion tenue à Lahore le 9 juin 1993, à laquelle participaient plus d’une centaine de responsables catholiques et protestants ainsi que des musulmans appartenant à des sectes minoritaires. Cette rencontre avait été provoquée par la Commission “Justice et paix” de la Conférence épiscopale. Les participants ont été unanimes à réclamer l’abolition du 8ème amendement à la constitution. Celui-ci établit un système d’électorats séparés. Il donne aussi de très larges pouvoirs au président. Les participants à la réunion de Lahore ont encore demandé l’abolition de la loi sur le blasphème (10).

Déjà, à la fin de leur rencontre de Lahore, les représentants des minorités religieuses avaient clairement affirmé leur position: “Nous souhaitons que notre pays, le Pakistan, continue sa marche en avant, de conserve avec les autres pays libres et démocratiques du monde. Nous souhaitons que notre pays entre dans le 21ème siècle avec grâce et dans l’honneur. Nous sommes bien résolus à faire tout ce que nous pourrons pour sauvegarder l’honneur et le prestige de notre pays. Nous mettons nos vies et tous nos talents au service de notre bien-aimé Pakistan, pour son bien-être, sa défense et sa prospérité

La publication de ce document intervient alors que le pays traverse une crise politique grave causée par ce 8ème amendement. C’est en effet en vertu des pouvoirs conférés par celui-ci que le président Ghulam Ishaq Khan avait, en avril 1993, dissous le gouvernement de M. Nawaz Sharif. Ce dernier a repris ses fonctions à la suite d’un jugement de la Cour suprême annulant la décision présidentielle. Mais la crise politique n’en continue pas moins et l’on peut s’attendre à ce que de nouvelles élections soient organisées sous peu.