Eglises d'Asie

Les religieux commencent la préparation du synode romain de 1994 : que signifie le voeu de pauvreté ?

Publié le 18/03/2010




Au cours de la deuxième semaine de juin 1993, quinze supérieurs majeurs de congrégations religieuses se sont rencontrés pour discuter des “lineamenta”, texte préparatoire au synode de 1994, publié en novembre 1992. Le thème en est: “La vie consacrée et son rôle dans l’Eglise et le monde”.

Dans un commentaire sur ce texte romain, les religieux disent: “En gros, il propose des points positifs et excellents sur la vie consacrée. Il faut cependant noter que l’attitude générale est plutôt restrictive et juridique. On aurait aimé y trouver une source d’inspiration et des encouragements”.

Cette session a permis aux supérieurs majeurs d’évoquer les divisions ethniques à l’origine de la guerre qui sévit depuis plus de dix ans dans le nord et l’est de l’île: “Ce problème ethnique, dit la déclaration finale, est le défi le plus grave, lancé aux religieux du Sri Lanka. Nous nous rendons bien compte que les politiciens ont utilisé à leur avantage l’Eglise et les religieux et que nous nous sommes laissés tenter par de petits profits à court terme

Les supérieurs majeurs optent pour un changement de formule des voeux. Ils avouent, par exemple, que le voeu de pauvreté n’a plus grand sens quand les conditions de vie des religieux sont supérieures à celles de 40% de la population: “Nous voulons nous ‘insérer’ dans le peuple et partager l’insécurité, les difficultés des gens. Notre effort de renoncement et d’ascèse doit aller de pair avec une mystique : les religieux doivent pouvoir se faire reconnaître comme des hommes et des femmes de Dieu”.

Quant aux services traditionnellement rendus par les religieux dans la société, “il arrive de plus en plus souvent qu’ils soient pris en charge par des organisations non gouvernementales. Il est donc nécessaire que nous inventions de nouveaux modes de présence et de service

Les supérieurs majeurs proposent encore d’élargir la perspective du synode, pour y inclure les activités en faveur de la justice, de la paix, et le souci de l’intégrité de la création: “Nous entendons un appel à entrer dans une relation juste avec la nature et à témoigner de la présence de Dieu dans la création, en participant à la protection, à la sauvegarde, au renouvellement de notre planète”.

Dans une intention de partage et d’oecuménisme, une bouddhiste, Mme Srima Wimalachandra, a été invitée à participer à la rencontre. Elle a reconnu que les religieux se trouvent en relation directe avec le peuple : “J’aimerais, dit-elle, que les religieux puissent donner une plus grande attention aux malades, sur le plan médical. Actuellement, on s’occupe peu d’eux. Le dévouement des religieux pourrait grandement aider à soulager la douleurs physiques et morales”. En 1952, en effet, à la demande de certains milieux bouddhistes, les religieux et religieuses avaient été chassés des hôpitaux dirigés par le gouvernement. La plupart des écoles tenues par l’Eglise ont aussi été nationalisées en 1961.