Eglises d'Asie

Un dirigeant bouddhiste exprime ses craintes devant l’action de certaines sectes fondamentalistes chrétiennes

Publié le 18/03/2010




Dans un discours prononcé à Colombo, le 18 juin 1993, M. K.T.W. Sumanasooriya, président du Congrès bouddhiste cinghalais, a sévèrement critiqué le travail de conversion auquel se livreraient certains chrétiens auprès des bouddhistes.

Les conversions des bouddhistes à d’autres religions, particulièrement au christianisme, conversions obtenues par des moyens douteux, posent un problème grave auquel il est urgent de porter remède, dit-il. Nous savons que certaines sectes chrétiennes reçoivent d’importantes sommes d’argent d’Amérique et d’autres pays étrangers. Cet argent est distribué à profusion dans les villages éloignés peuplés de bouddhistes pauvres, dans le but de les convertir”.

Le dirigeant bouddhiste raconte que, à Balapitiya, lieu de naissance du vénérable Migettuwatte Gunananda Thera, personnage important du bouddhisme srilankais, les moines ont dû manifester contre la construction d’une église dans le village dont tous les habitants sont bouddhistes.

Il ajoute: “Il est bien vrai que le gouvernement donne la priorité au bouddhisme. Mais il devrait exercer un contrôle plus strict sur les flots d’argent qui coulent de sources étrangères sous le couvert d’aide aux missionnaires. La Conférence bouddhiste ne peut pas, seule, agir de manière efficace. C’est pourtant notre devoir d’empêcher la disparition du bouddhisme, cette philosophie qui, depuis 2 300 ans, nous guide sur le chemin de la justice”.

Selon le P. Leo Perera, aumônier du Mouvement international des étudiants catholiques, à Hongkong, le reproche de M. Sumanasooriya est légitime à l’égard des sectes fondamentalistes chrétiennes américaines, actives surtout dans le sud du pays. Ces groupes n’hésitent pas à utiliser des moyens financiers lourds. Des réactions, parfois violentes, de la part des bouddhistes, ont été signalées en plusieurs endroits. Il y a deux ans, un missionnaire laïc appartenant à l’une de ces sectes aurait été assassiné. Selon le P. Perera, dans l’esprit de beaucoup de Srilankais, le christianisme resterait encore lié à l’ancienne colonisation britannique. Mais l’antipathie à l’égard des sectes ne viserait pas, du moins directement, les grandes Eglises implantées dans le pays.

En août 1993, le Sri Lanka célébrera ses 2 300 ans de bouddhisme.