Eglises d'Asie – Chine
Des signes discrets de rapprochement entre Pékin et le Vatican
Publié le 18/03/2010
Les spéculations concernant cet éventuel rapprochement ont commencé le 19 juin 1993 au moment du voyage de Jean-Paul II à Macerata, en Italie, lieu de naissance de Matteo Ricci (1552-1610), fameux missionnaire jésuite en Chine. Le pontife en avait profité pour exprimer « son désir profond de se rendre en Chine » et son espoir qu’il n’aurait pas à attendre trop longtemps pour voir accomplir son souhait.
Le 5 juillet, le Hongkong Economic Daily révélait que, le jour même où le pape faisait sa déclaration, un haut fonctionnaire du gouvernement chinois avait invité un haut dignitaire du Vatican à se rendre en Chine pour y rencontrer les catholiques. De manière plus significative, l’auteur de l’article de ce journal estimait que le Vatican et le gouvernement chinois étaient engagés dans des négociations secrètes destinées à normaliser leurs relations. Citant une source bien placée dans les milieux du ministère des Affaires étrangères de Pékin, le journal rapportait que c’est le Vatican qui avait entamé au début des années 80 le dialogue interrompu plus tard après les événements de Tiananmen en 1989. Selon la même source, le secrétaire général du Parti, Jiang Zemin, et le ministre des Affaires étrangères, Qian Qichen, seraient favorables à une reconnaissance du Vatican et les relations pourraient être rétablies dès cet automne.
Des rumeurs de négociations entre la Chine et le Vatican font régulièrement surface dans la presse de Hongkong (1), mais c’est la première fois qu’un calendrier précis pour le rétablissement des liens est mentionné. Par ailleurs la source citée par le Hongkong Economic Daily est généralement bien informée et on peut légitimement penser que c’est le gouvernement chinois, au plus haut niveau, qui a décidé de laisser filtrer cette information ou de permettre à la rumeur de prendre corps.
L’intérêt de Pékin est évident : le gouvernement chinois pourrait ainsi améliorer son image internationale en ce qui concerne les droits de l’homme, et augmenterait ses chances de se voir confier l’organisation des jeux olympiques de l’an 2000. Cette dernière décision doit être prise le 23 septembre par le Comité olympique international. On comprend mieux ainsi la mention de « l’automne » pour une éventuelle normalisation des liens avec le Vatican. Comment ne pas craindre que la diffusion discrète de cette nouvelle – qu’elle soit vraie ou fausse – par Pékin n’ait d’autre but en fin de compte que de séduire l’opinion mondiale dans l’espoir d’obtenir l’organisation des jeux ?
Le 19 août 1993, le gouvernement chinois a fait savoir officiellement qu’il était prêt à améliorer ses relations avec le Vatican. On note cependant que le communiqué qui fait état de cette volonté chinoise ne comporte aucune concession par rapport aux conditions précédemment établies : rupture des relations diplomatiques avec Taiwan et autonomie de l’Eglise catholique chinoise.
Quant au Saint-Siège, un rétablissement des liens avec Pékin permettrait sans doute de travailler plus efficacement à unifier l’Eglise de Chine aujourd’hui profondément divisée entre « clandestins » fidèles au Pape et « officiels » partisans de l’autonomie. Mais les problèmes qui se posent à l’Eglise sont tellement nombreux qu’on peut être sceptique dans tous les cas sur la possibilité de solutions rapides. De ce point de vue, le Vatican est peut-être moins pressé par le temps que ne l’est Pékin.
Le 20 août, au lendemain de l’annonce du gouvernement chinois, un communiqué de la salle de presse du Vatican a affirmé que le pape « prenait acte avec satisfaction de la volonté manifestée par les autorités de Pékin de normaliser leurs relations avec le Saint-Siège