Eglises d'Asie – Chine
En dépit des déclarations officielles, les entraves à la liberté religieuse n’ont pas été levées
Publié le 18/03/2010
Une délégation chinoise s’est rendue en Amérique au mois de septembre 1993 dans le but d’“étudier la relation entre le gouvernement et l’Eglise chrétienne aux Etats-UnisElle était conduite par le directeur national du Bureau des affaires religieuses, Zhang Shengzuo, et comptait parmi ses délégués le vice-président du Conseil chrétien de Chine, Han Wenzao. La délégation a rencontré de hauts fonctionnaires du gouvernement américain et les dirigeants de plusieurs organisations religieuses telles que l’Armée du salut, la Société biblique américaine et l’association Billy Graham.
Selon un communiqué publié le 19 septembre 1993, Han Wenzao a soutenu devant un public réuni à Washington que “les chrétiens qui ont choisi de tenir leurs assemblées chez eux n’ont pas l’obligation de se déclarer aux autorités” et que “les membres du clergé emprisonnés pour leur foi ont tous été relâchés en ChineLe 1er octobre 1993, au cours d’une rencontre avec des membres de l’institut Puebla de Washington, les délégués chinois ont affirmé que “la Chine est l’un des pays les plus tolérants du monde” parce qu’elle n’a pas de religion d’Etat et n’a jamais mené une guerre de religion comme les pays d’Europe au Moyen-âge. Les représentants du Bureau des Affaires religieuses ont dit aussi que les chrétiens qui purgent une peine de prison pour avoir introduit des bibles en contrebande “ne sont pas persécutés pour leur foimais coupables d’avoir enfreint la loi chinoise.
Ces déclarations des délégués chinois n’ont pas réussi à convaincre ceux de leurs auditeurs qui se tiennent informés du sort fait en Chine aux droits de l’homme et à la liberté religieuse. Nina Shea, présidente de l’institut Puebla de Washington, trouve que Han “pousse la désinformation jusqu’à l’impudence” quand il soutient que tous les membres du clergé ont été libérés de prison en Chine. “Notre institut, dit-elle, suit de près la situation des dirigeants protestants et catholiques emprisonnés. Il ressort d’une documentation surabondante qu’actuellement cent cinq membres du clergé sont persécutés pour leur foi et leur pratique religieuseIls sont détenus en prison, dans des camps de travail, dans des locaux administratifs, voire dans des maisons de retraite de l’Etat où aucun contact avec l’extérieur n’est possible.
Que les communautés chrétiennes qui s’assemblent dans les maisons privées soient dispensées de l’obligation de se déclarer aux autorités officielles chinoises, ainsi que l’a prétendu Han Wenzao, est démenti par les faits, souligne le pasteur Lin Xiangao, l’un des chefs bien connus de l’Eglise “domestique” chinoise. Il cite le cas d’une église “domestique” non déclarée de la province de Canton qui vient d’être fermée par la police au mois de septembre dernier.
Le 19 septembre, à deux heures de l’après-midi, à Hak Shan dans la banlieue de Canton, des dizaines d’hommes armés de la sécurité publique ont cerné une église non déclarée au moment où une cérémonie allait commencer. Les trente personnes présentes furent fouillées, leurs bibles et leurs livres de chant, confisqués, quatre participants, emmenés et interrogés pendant cinq heures au quartier général de la Sécurité. Ils ont été accusés d’avoir enfreint une loi de la province de Canton de 1988 qui oblige tous les groupes religieux à se déclarer au Bureau des Affaires religieuses.