Eglises d'Asie – Sri Lanka
Il y a cent ans des catholiques lançaient le mouvement syndical cinghalais
Publié le 18/03/2010
C’est en juillet 1893 que le mensuel Independent Catholic publie un article signé Lisbao Pinto qui présente le syndicalisme tel qu’il existe déjà en certains pays d’Europe et insiste sur la nécessité d’un mouvement semblable à Ceylan, alors colonie britannique. L’une des professions où le besoin d’une action syndicale se fait le plus vivement sentir est celle des travailleurs de l’imprimerie qui, pour des salaires extrêmement bas, sont soumis à une discipline draconienne. Par exemple, un retard dû aux pluies de mousson fait perdre le tiers du salaire de la journée.
Le 12 septembre 1893, les ouvriers-imprimeurs se mettent en grève. Trois jours plus tard, à l’appel du journal Independent Catholic, ils forment le tout premier syndicat de l’histoire srilankaise. La grève tourne court, ses dirigeants sont poursuivis au nom de la loi sur le travail qui fait de la grève un délit, mais le mouvement est lancé et va s’amplifier. En 1922, un juriste, A.E. Gunasinghe, fonde l'”Union des travailleurs cinghalais”. L’année suivante, une grève générale mobilise 40 000 ouvriers. C’est seulement en 1935 qu’est promulguée la loi sur les syndicats.
De la droite à la gauche, toutes les tendances ont marqué le mouvement syndical. Des syndicats indépendants ont rassemblé des travailleurs à l’écart des organisations politiques. Mais, conclut tristement l’article commémoratif du Messenger, “il est dommage que les deux pionniers à l’origine de cette noble initiative aient plus tard pris leurs distances à l’égard du catholicisme, en se lançant dans des actions inspirées par le nationalisme de l’époque”.