Les Tibétains catholiques de Kangding ne voient leur prêtre qu’une fois par an

Kangding, où se trouve le gouvernement de la préfecture tibétaine autonome de Garze, est aussi le siège d’un diocèse qui compte environ deux mille catholiques. La plupart sont Tibétains, quelques-uns sont Chinois ou appartiennent aux minorités Yi et Qiang. Leur diocèse n’a ni prêtre ni évêque. Il est administré par l’évêque du diocèse voisin de Xichang, Mgr Xie Chaogang, évêque reconnu par les autorités officielles, qui envoie chaque année un de ses prêtres faire la tournée des dix-sept églises ou stations paroissiales dispersées à de longues distances les uns des autres dans les hautes vallées de la région de Kangding. Une fois par an, les fidèles se réunissent de grand matin pour attendre la venue du prêtre. Ils tirent des rafales de pétards pour célébrer son arrivée. Quand il a célébré la messe et distribué les sacrements, il doit souvent, malgré les instances des chrétiens, repartir aussitôt pour gagner un autre village. Si le temps de Noël et celui du carême se passent sans visite du prêtre, les chrétiens organisent eux-mêmes des réunions de prières. Ils conservent d’ailleurs la tradition des prières du matin et du soir récitées en commun dans un local du village.

Le diacre Li Lun qui transmet ces informations appartient lui-même au diocèse de Kangding. Il y est né il y a vingt-cinq ans d’un père chinois et d’une mère tibétaine, tous deux catholiques, qui l’ont instruit du catéchisme dès son enfance et lui ont inspiré le désir de devenir prêtre. Il vient d’achever ses études de philosophie et de théologie au séminaire régional de Sichuan et se prépare à son ordination sacerdotale en servant dans le diocèse de Leshan. Li observe que même s’ils maintiennent leur foi, les catholiques de Kangding ne sont pas assez conscients et motivés pour encourager leurs enfants à devenir prêtres ou religieuses.

La région de Kangding, confiée en 1846 à la société des Missions étrangères de Paris comme partie de la préfecture apostolique du Tibet, devint en 1924 le vicariat apostolique de Dajianlu. Lors de l’érection de la hiérarchie catholique en Chine en 1946, le siège du diocèse a été fixé à Kangding. La cathédrale, qui avait souffert d’un incendie avant la fondation de la République populaire en 1949, finit d’être démolie pendant la Révolution culturelle de 1966-1976. Une salle publique a été construite sur son emplacement.