Eglises d'Asie

Chine-Vatican : dans une interview, l’évêque de Pékin semble ouvrir de nouvelles perspectives pour d’éventuelles négociations

Publié le 18/03/2010




Le 3 décembre 1993, Mgr Michel Fu Tieshan, évêque « officiel » de Pékin, vice-président de la conférence épiscopale et considéré comme proche du régime, a accordé une interview au correspondant à Pékin de l’Agence France-presse. Répondant à la question de savoir si une visite du pape en Chine était possible, le prélat a rappelé les conditions préalables pour que cette éventualité puisse prendre corps : rupture des relations diplomatiques du Vatican avec Taiwan et reconnaissance de l’indépendance de l’Eglise de Chine.

Les déclarations de Mgr Fu Tieshan doivent sans doute être lues sur fond de négociations éventuelles entre Pékin et le Vatican pour une reconnaissance mutuelle. Selon la plupart des observateurs (1) des contacts entre les deux parties semblent avoir repris depuis la visite en Chine du cardinal Etchegaray en septembre 1993 (2).

Si les exigences formulées par l’évêque de Pékin pour le rétablissement de relations rompues en 1957 ne sont pas nouvelles, des observateurs attentifs notent cependant avec intérêt un changement de vocabulaire : Mgr Fu Tieshan ne demande plus que le Vatican cesse de s’ingérer dans les affaires de l’Eglise de Chine mais, de manière plus positive, qu’il « respecte la souveraineté et l’autonomie des catholiques chinois ». Cette nouvelle formulation semble ouvrir au Vatican la possibilité de négocier, en particulier sur les procédures de nomination des évêques. A l’heure actuelle, ceux-ci sont « élus » par les prêtres du diocèse sous contrôle de l’Association patriotique des catholiques qui est la courroie de transmission des organes gouvernementaux. Le Parti communiste considère jusqu’ici que cette procédure est la seule qui prenne en compte l’indépendance de l’Eglise de Chine par rapport à un pouvoir étranger. On sait aussi que les dirigeants de l’Eglise catholique « clandestine », fidèles à Rome et farouchement opposés à tout contact avec l’Association patriotique, sont particulièrement attentifs à s’assurer l’accord de Rome dans la nomination des évêques (3). Ils y voient une condition très importante pour une véritable communion de l’Eglise de Chine avec l’Eglise universelle.

On note aussi que dans son appel au pape pour qu’il rompe les relations diplomatiques avec Taiwan, l’évêque de Pékin précise que cette initiative doit être prise « le plus tôt possible ». Après la libération de prison de deux évêques « clandestins » (4) bien connus à l’étranger, cette formule semble indiquer, selon un observateur interrogé par Eglises d’Asie, que le gouvernement chinois est, cette fois, réellement déterminé à aboutir dans les négociations avec le Vatican.