Eglises d'Asie

Le Conseil chrétien des femmes réagit avec vigueur à l’annonce d’un projet de loi qui instaurerait l’eugénisme en Chine continentale

Publié le 18/03/2010




Secrétaire générale du “Conseil chrétien des femmes de Hongkong”, organisation protestante, Mme Rose Wu a réagi vigoureusement à l’annonce, par l’agence Chine nouvelle, d’une proposition de loi dont le but sera “d’éviter de nouvelles naissances de qualité inférieure et de rehausser le niveau général de la population” en Chine (4).

Dans un communiqué daté du 21 décembre 1993, l’agence officielle chinoise cite le ministre de la Santé, M. Chen Min-zheng, qui aurait expliqué aux membres du parlement chinois que la nouvelle loi est nécessaire “afin de mettre fin aux naissances anormales”. Il s’agit d’interdire de mariage les personnes atteintes d’affections comme l’hépatite, les maladies vénériennes ou mentales, tant que ces personnes ne seront pas guéries. Il est aussi prévu que les agences gouvernementales feront pression sur les femmes dont le foetus présente des anomalies pour qu’elles se soumettent à un avortement. Les parents d’enfants anormaux devront se faire stériliser.

Selon la même agence Chine nouvelle, la Chine compte dix millions de handicapés, “qui ne seraient pas là si un contrôle plus strict avait été exercéLe communiqué ajoute: “le projet de la loi ne précise pas si la Chine compte faire usage de l’euthanasie pour éliminer les enfants anormaux, car la communauté internationale n’est pas encore arrivée à une conclusion sur le sujet”.

Mme Rose Wu commente :”Dans toute société qui respecte les droits de l’homme, la décision de se marier, d’avoir des enfants appartient aux individus, pas aux gouvernements. Je pense qu’il vaudrait mieux traiter ce problème par des mesures préventives, telles qu’une éducation qui aide les gens à prendre leurs décisions, au lieu de légiférer”.

Un fonctionnaire des services de santé chinois explique qu’il n’est pas question de rendre obligatoires la stérilisation ni l’avortement. “L’Etat se contentera de conseiller les masses. Pour que la loi soit appliquée, la coopération des masses est indispensable“. Mais, demande Mme Wu, “si l’on ne veut pas rendre obligatoires les mesures en question, pourquoi faire des lois?”

De son côté, une personnalité politique de Hongkong, membre du groupe des conseillers récemment nommés par Pékin pour préparer la transition de 1997, Mme Rita Fan Hsu Lai-tai, demande qu’on ne juge pas Pékin selon les normes en vigueur à Hongkong. Selon elle, la Chine se trouve devant un problème beaucoup plus difficile à résoudre, en raison de sa population et du fait que beaucoup de Chinois sont encore illettrés. “Je suis sûre, dit-elle, que les législateurs chinois vont pouvoir décider en toute sagesse de la nécessité ou non de cette loi; mais je ne peux vraiment rien dire du projet de loi lui-même. Je n’aimerais pas être impliquée”.