Eglises d'Asie

Malgré les protestations qui s’élèvent de tous côtés, l’armée gouvernementale continue de bombarder églises et hôpitaux dans la presqu’île de Jaffna

Publié le 18/03/2010




Le dimanche 5 décembre 1993, des bombes sont tombées sur le cimetière attenant à l’église Saint-Antoine de Passaiyoor, puis à proximité du grand séminaire de Comobogan, dans la presqu’île de Jaffna, ainsi que sur le “petit marché” de Jaffna où se pressait la foule habituelle du dimanche matin. A la fin du raid, on a relevé au moins vingt-cinq morts et une soixantaine de blessés.

Deux jours auparavant, des prêtres catholiques, hindous, des pasteurs protestants, des séminaristes, des écoliers, des familles, avaient formé une procession silencieuse en signe de protestation contre les bombardements répétés du 12 au 16 novembre 1993, au cours desquels l’église Saint-Jacques a été détruite ainsi que plusieurs temples hindous, des hôpitaux et même des bureaux du gouvernement et qui ont fait 9 morts.

Selon le P. Joseph Emmanuel, vicaire général du diocèse de Jaffna, la lutte armée qui dure depuis plus de dix ans est si longue parce que les tentatives de solution pacifique aux problèmes de la minorité tamoul ont échoué. Il qualifie ce dernier raid aérien d'”acte de pure folie

Le Père R.M. Gogonius Nesanayagam, curé de la paroisse Saint-Jacques dont l’église a été détruite, est tout aussi catégorique. Il accuse le gouvernement d’avoir volontairement fait bombarder les lieux de culte chrétiens et hindous pour se venger de l’attaque des Tigres tamouls contre les troupes gouvernementales du 11 novembre 1993 au cours de laquelle plusieurs centaines de soldats ont été tués. Dans une déclaration commune publiée le 20 novembre, les chefs religieux chrétiens et hindous affirment : “Tous ces édifices sont exclusivement utilisés pour le culte et pour des services publics. Ce sont des structures importantes, bien visibles. L’armée ne peut donc feindre l’ignorance quand elle les prend pour cibles. Son intention n’a pu être que de se venger en terrorisant la population tamoul. Il ne s’agit pas d’actes isolés. Ils ont été si fréquents ces derniers temps qu’on ne peut s’empêcher de penser à une politique voulue du gouvernement contre les Tamouls”.

Dans le nord-est du pays, où sévit la guerre, des pluies torrentielles ont causé des inondations. Plus de 100 000 personnes sont sans abri. Dans le seul district de Batticoaloa, 20 000 habitants ont dû abandonner maisons et récoltes.