Eglises d'Asie

Les chefs religieux dénoncent une guerre privée de sens et inhumaine

Publié le 18/03/2010




Plusieurs évêques catholiques du pays viennent d’élever la voix à propos du conflit ethnique qui déchire le nord et l’est de l’île et de mettre fin à cette « guerre inhumaine ».

Mgr Nicholas Marcus Fernando, archevêque de Colombo et président de la conférence épiscopale, déplore que la guerre soit devenue une affaire profitable pour une poignée de gens des deux camps, pendant qu’elle transforme en cauchemar chaque minute de la vie du plus grand nombre. « Il est temps, a dit l’archevêque dans son message de Noël, que la population prenne dans ses propres mains ses responsabilités pour la paix et dise aux gouvernants : nous voulons que cette guerre s’arrête. » Il a poussé les catholiques à réclamer du gouvernement qu’il agisse contre « les perturbateurs de la paix » que sont selon lui des extrémistes religieux dont le zèle n’aurait jamais été approuvé par les fondateurs de leur religion.

« Pendant que les trafiquants d’armes accumulent leurs bénéfices et que la bataille est devenue un sujet de conversation, a constaté Mgr Raymond Peiris, évêque de Kurunegala, les victimes sont en train de sacrifier des vies précieuses à cette guerre inhumaine ». Président de la commission épiscopale Justice, Paix et Développement humain, Mgr Peiris a rappelé aux catholiques srilankais que Noël 1993 ne pouvait pas faire abstraction de tant d’expériences liées à la tragédie de la guerre. « Réfléchissez à quel point cette guerre manque de sens. Faites face au défi de choisir entre la guerre et la paix. La crise ethnique que nous traversons vient en partie de ce que nous n’avons pas su comprendre les intérêts des autres

Mgr Oswald Gomis, auxiliaire de Colombo, donne pour cause à la guerre ethnique qui se prolonge à une absence d’amour et de justice qui retarde la paix. « Si, a-t-il dit, la majorité cinghalaise de l’île et sa minorité tamoule s’étaient efforcées de reconnaître l’une et l’autre leurs aspirations respectives, la crise n’aurait pas atteint son point critique actuel. »

Les rebelles tamouls combattent les forces gouvernementales depuis dix ans. Ils font état d’une oppression séculaire des Tamouls par les Cinghalais et demandent une patrie tamoule. Il y a déjà eu plus de dix mille morts et le conflit a déjà déplacé un million de personnes.

Dans une interview publiée le 2 janvier par le journal srilankais de langue anglaise The Sunday Times, le président du Sri Lanka D.B. Wijetunga a déclaré : « Certains parlent d’un conflit ethnique. Ce n’est pas du tout cela. Ce sont des bandes terroristes qui ne veulent pas laisser les Tamouls vivre en harmonie et qui détruisent cette harmonie ».

Les catholiques et les membres des principales Eglises protestantes se sont joints à des bouddhistes modérés pour condamner les conversions « immorales », obtenues par l’argent ou d’autres appâts, qui seraient selon eux pratiquées par des groupes chrétiens évangéliques (11). Des bouddhistes ont pourtant accusé les catholiques de faire de même. Mgr Fernando voit s’amonceler dans tout le pays de noirs nuages de haine, suscités par quelques-uns pour la poursuite de leurs desseins tandis que la masse de la population lutte pour son minimum vital, manger, se vêtir et avoir un abri.